D’une pierre deux coups

[ Tribune de mars 2015 ] 

Lors de la présentation des vœux du maire qui s’est transformé en hommage à Charb, M. Houillon a annoncé qu’une rue de Pontoise porterait bientôt le nom de Stéphane Charbonnier. Soyons en certains, telle n’était pas l’ambition de l’auteur de Maurice et Patapon. Cela dit, une rue à son nom ne sera pas plus insolite que cette Marseillaise chantée à l’Assemblée Nationale pour cet internationaliste convaincu ou que les cloches de Notre-Dame qui ont retenti le lendemain de la mort de cet anticlérical militant.

En revanche, le directeur de Charlie aurait certainement vu d’un bon œil que certaines rue de sa ville natale soient débaptisées. Voici donc deux propositions.

Pourquoi pas une rue Stéphane Charbonnier, dit Charb, à la place de la rue Pierre de Coubertin ? Ce baron, connu pour être l’initiateur de l’idéal olympique, était avant tout un personnage mysogine et raciste, favorable à l’Allemagne nazie. C’est lui qui déclara, entre autres, que « les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance ».

Pourquoi pas une rue Stéphane Charbonnier, dit Charb à la place de la rue Adolphe Thiers ? Cet ambitieux, qui inspira à Balzac le personnage de Rastignac, restera à jamais le responsable de la répression de la Commune en 1971. À son bilan, 20.000 morts, 38.000 arrestations, 10.000 déportations. Il faut dire qu’en tant que ministre de l’intérieur, dès 1834, il s’était fait la main, en matant la seconde révolte des canuts à Lyon au prix de 600 morts.

(tribune PAGV publiée dans Pontoise Infos de mars 2015)