Deux points importants à l’ordre du jour :
- Le plan d’aménagement et de développement durable (PADD), préalable au vote du Plan local d’urbanisme (PLU).
- Le choix du délégataire de la délégation de service public (DSP)1 pour la gestion du stationnement sur et hors voirie et l’approbation des périmètres et tarifs.
1) La présentation du PADD par le rapporteur Robert Dupaquier, puis la discussion qui s’en suivit donnèrent lieu à un exercice qui aurait pu s’intituler « plus écolo que moi, tu meurs ! » Et c’est un fait que tous les intervenants s’en donnèrent à cœur joie. On en oubliait que l’essentiel d’entre eux, de Stéphanie Von Euw à Sandra N’Guyen Dérosier en passant par Gérard Seimbille sont les ardents défenseurs de la création d’une gare en plein champs sur le Triangle de Gonesse, autrement dit de l’artificialisation de terres agricoles particulièrement fertiles. On en venait à se demander comment ces élus qui parlaient de faire la part belle aux vélos et aux transports en commun avaient pu tous voter pour la création du parking de centre-ville qui va favoriser le tout voiture. Tout cela sous les yeux d’Anne Fromenteil qui venait de faire campagne aux départementales en binôme avec un responsable régional de la FNSEA, le syndicat agricole productiviste qu’on connaît. Quant au général Daoust, il devait se demander s’il ne s’était pas trompé d’adresse.
Il faut reconnaître cependant que nous avions été préparés à ce grand tournant écolo par la tribune des conseillers de la majorité dans le Pontoise Mag de juillet / août, dont le titre était « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». Les adorateurs de la Pachamama, la déesse-terre, n’auraient pas mieux dit. Reste maintenant à garder en mémoire tous ces beaux discours et à les confronter à la réalité à venir. Nous n’y manquerons pas.
2) Le deuxième point de l’ordre du jour sur le stationnement nous a permis de retrouver la droite pontoisienne comme nous la connaissons et comme elle est tout simplement : au service des puissances financières.
Avant la présentation du rapporteur, François Fromanger, on a assisté à une petite comédie. Comme il se trouve que le cabinet auquel Stéphanie Von Euw est associée professionnellement a travaillé pour le délégataire proposé, Indigo Infra2(ex Vinci Park) elle quitte la salle pour ne pas assister au débat et laisse les commandes au général Daoust. Mais, rassurons-nous, les petits soldats de la majorité, Laurent Lambert en première ligne, ont été briefés et sauront défendre les anciens clients de la maire.
Et encore une fois, on regrette qu’aucune opposition sérieuse et déterminée n’existe au sein de ce conseil. À noter quand même ce paradoxe : les réserves les plus pertinentes contre la DSP viendront de Gérard Seimbille et non de la prétendue gauche. Il est en effet le seul à dire qu’avec ce contrat, loin de gagner de l’argent, la ville pourrait en perdre. Mais le plus pertinent s’abstiendra pendant que les plus discrets voteront contre.
PAGV au conseil aurait clairement défendu la gestion en régie ET voté contre la DSP. Nous aurions rappelé que Streeteo, filiale d’Indigo citée en exemple par Laurent Lambert pour ses prétendues qualités en termes de gestion de la voirie, a été lourdement condamnée en 2016 pour des verbalisations fictives à Paris.
Cette insistance des élus majoritaires, Stéphanie Von Euw et Laurent Lambert en tête, à prétendre qu’il ne s’agit pas pour la ville de faire des bénéfices, nous aurait immédiatement conduits à faire le rapprochement avec une autre DSP offerte par la ville à un autre géant de la finance, Babilou. Nous serait revenu en mémoire ce conseil municipal du 21/12/2017 au cours duquel Monsieur Seimbille, qui n’usait pas encore de son esprit critique, expliqua que le contrat signé en 2012 avec la société Babilou était « exagérément protecteur des intérêts de la ville » car il plafonnait les bénéfices du délégataire à 7,5 %. D’où l’avenant voté par la majorité qui permet depuis à Babilou d’augmenter les profits de ses actionnaires.
Car le véritable objectif de ces contrats est bien de permettre à de grands groupes privés de réaliser de substantiels bénéfices. Il suffit de s’informer pour s’en convaincre. Ainsi, en 2017, un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et de l’Inspection Générale des Finances (IGF) alertait déjà sur le « sur-calibrage des financements publics » pour le marché des crèches privées. Et en 2016, une étude de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales (CNAF) montrait que le fonctionnement des crèches associatives était de 20 % inférieur à celui du privé lucratif. De ce fait aujourd’hui certaines mairies, comme celle de Bordeaux, bloquent les DSP au privé lucratif.
À part ça, guère de changements. On appelle toujours Stéphanie Von Euw Madame LE maire et non, comme le voudrait la pure logique, Madame LA Maire. Et la plupart des intervenants s’obstinent à retirer leur masque pour parler et à le remettre pour se taire. Gérard Seimbille, avant de prendre la parole, dira même : « Un moment de respiration sans masque ». Visiblement, nos élu.e.s n’ont pas encore compris que le masque est censé protéger les autres et non nous protéger des autres.
1 Le principe d’une DSP avait été voté par la précédente majorité en avril 2019.
2 Une société qui s’autoproclame fièrement « leader mondial du stationnement et de la mobilité individuelle au service des Smart Cities de demain ».