L’obsession de la vidéo-surveillance

Lors du conseil municipal du 6 février 2025, le général Daoust a, comme chaque année, déroulé son bilan sécurité devant un public conquis à l’avance. Conquis à l’avance c’est certain, mais luttant quand même visiblement contre un risque élevé d’assoupissement face à une énumération sans fin de chiffres à la gloire de l’activité de la police municipale : + 24 % de rapports, + 57 % de mains courantes, + 29 % de verbalisations de terrain, + 38 % de véhicules envoyés à la fourrière, un certain nombre de saisines de drogue, 37 voisins citoyens, 106 caméras de videosurveillance en attendant celles à venir. Bref, beaucoup de chiffres bruts qui disent peu de choses sur la réalité concrète qu’ils recouvrent réellement.

Jusqu’a ce que, voyant l’attention de son auditoire faiblir, Mongénéral décide soudain de lui offrir un exemple de l’efficacité de la vidéosurveillance :

Ainsi, le 15 janvier, un policier municipal constate sur son écran qu’une trentaine d’individus de Marcouville montent dans un bus en direction des Louvrais. Il prévient ses collègues ainsi que la police nationale et les dits individus se font cueillir à la sortie du bus. 9 sont interpellés avec des manches de pioche, mortiers… Cette réussite rarissime de la videosurveillance en terme de prévention, serait désormais donné en exemple dans d’autres centres de supervision.

C’est alors que Monsieur Seimbille demande la parole : 

« Je me réjouis que depuis de nombreuses années où on a commencé à mettre de la videosurveillance à Pontoise, c’était pendant tous les conseils un débat et aujourd’hui on n’en parle plus. Les démonstrations, qui ont été faites aujourd’hui sur l’utilité de la videosurveillance, montrent combien c’est effectivement utile et donc, je me satisfais que ce n’est plus quelque chose qui est remis en cause en tant que tel et je crois que les Pontoisiens devraient connaître ces infos car il y a des fantasmes qui circulent. »

On n’insistera pas sur le fait que « les démonstrations » dont parle M. Seimbille ne sont en réalité qu’un exemple.
Un exemple en 10 ans !
En effet, toutes les demandes de bilan de la videosurveillance, ne serait-ce qu’un rapport coût / résultats, se sont toujours heurtées à une fin de non-recevoir.

M. Seimbille, en revanche, se rappelle bien qu’à Pontoise un combat contre l’installation de caméras de videosurveillance a été mené vigoureusement. Mais si les critiques se sont éteintes, ce n’est pas parce que l’efficacité du système a été prouvée. C’est tout simplement que PAGV n’est plus représentée au conseil municipal.

Et M. Seimbille ne se demande même pas si une police de proximité, implantée sur le terrain, bien plus efficace et beaucoup moins coûteuse qu’un système de caméras, n’aurait pas su, bien avant qu’un agent de surveillance ne regarde son écran à ce moment-là, qu’une expédition se préparait.

Les prochaines élections municipales sont dans un an. La gauche devra être de retour. Pas celle de Sandra N’Guyen Dérosier, qui commence sa dernière tribune, dans le magazine de la ville par la phrase suivante :

« La sécurité est une préoccupation majeure pour tous les habitants de notre ville. »

Mais une véritable gauche qui sait que les préoccupations majeures de la majorité des habitants de Pontoise sont entre autres : du travail pour tous, une juste répartition des richesses, la retraite à 60 ans, une véritable politique de santé, des moyens pour la culture et l’éducation…

Ci-dessous l’exemple d’une tribune de PAGV, parue dans Pontoise Mag de juin 2010, qui montre que notre opposition à la videosurveillance ne date pas d’hier et s’est toujours appuyée sur des exemples concrets :

Des hommes, pas des machines
Qu’on l’appelle vidéosurveillance, vidéoprotection ou vidéotranquillité, il s’agit purement et simplement de l’intrusion permanente de la police dans l’espace public. Axe majeur de la politique de sécurité du gouvernement, ce choix est malheureusement celui de nombreuses villes. 
Peu d’études globales existent. Voici néanmoins deux cas dignes d’intérêt :
– En 2008, le responsable du bureau des images, identifications et détections visuelles à la Metropolitan Police de Londres, déclara que seuls 3 % des vols commis dans les rues de Londres ont été résolus grâce à la vidéosurveillance. « C’est un véritable fiasco », commenta t-il.
– Saint-Etienne, ville de 180 000 habitants, s’est dotée, depuis 2001, d’un dispositif de 67 caméras pour 1,7 millions d’euros et 60 000 € de maintenance par an. 28 des 160 agents de la police municipale sont affectés à cette gestion pour une masse salariale de 900 000 €. Pourtant, en 2008, ce dispositif n’a repéré qu’entre 1 et 2 % des crimes et délits que la police a poursuivis. 
Ces résultats insignifiants pour un coût exorbitant ne semblent pas avoir été pris en compte par D. Lefebvre qui vient d’installer 45 caméras à Cergy, pour 1,5 millions d’euros et 400 000 € de frais annuels de fonctionnement.
Il est encore temps pour P. Houillon [ndr : le maire de Pontoise à l’époque] de revenir sur sa décision. Il pourra s’appuyer sur une étude de victimation, réalisée à Pontoise en 2009, indiquant que 75 % des habitants de sa ville sont opposés à la vidéosurveillance. Ils réclament en revanche des solutions de prévention, comme l’embauche d’éducateurs et le renforcement des animations à destination des jeunes.

Delphine Lagrené,
Pontoise à Gauche vraiment


Pour en savoir plus sur l’efficacité très relative de la vidéosurveillance, les enjeux de ce très lucratif secteur économique et les risques que cette lubie droitarde fait peser sur nos droits et libertés :

https://www.blast-info.fr/articles/2024/videosurveillance-boostee-par-les-jo-un-pognon-de-dingue-une-efficacite-contestable-9TDn7FUTQy60KT_MpoD39Q