[ Tribune de novembre 2017 ]
Après nous avoir présenté la vidéosurveillance comme la solution à l’insécurité, voilà maintenant que l’on nous propose le dispositif des « Voisins Vigilants » comme « réponse la plus ciblée aux problèmes de délinquance ». Désormais, votre voisin, qui se sera au préalable porté volontaire auprès des services du préfet, aura pour mission de veiller à la tranquillité du quartier en signalant les comportements suspects ou anormaux.
L’esprit même de cette proposition est contestable. Nous ne partageons pas tous le même sens de la norme. De plus, dans la république, il ne revient pas à chaque individu de se substituer aux forces de l’ordre, sans formation et un sens de l’éthique variable. La justice n’est pas une affaire personnelle. C’est bien à l’État et à ses représentants d’assurer la sécurité des citoyens. Il n’est pas très compliqué d’imaginer à quelles dérives cela pourra conduire et quelles tensions vont naître entre voisins.
Contrairement à ce qui nous est opposé, civisme et solidarité ne s’en verront pas renforcés.
Pour finir, que dire d’un dispositif qui risque d’exposer des citoyens au danger ? Cela créera à n’en pas douter davantage de problèmes que ça n’en résoudra.
On nous assure que si le dispositif ne faisait pas ses preuves, il ne serait pas maintenu. Espérons d’ici là que dans cet univers orwellien, nos relations de voisinage n’auront pas dégénéré et que personne n’aura été blessé ou pire encore.
(tribune PAGV publiée dans Pontoise Mag’ de novembre 2017)