Aujourd’hui, la crise. Demain, l’heure des comptes

Il serait faux de dire aujourd’hui que nous avions prévu ce qui allait se passer, mais il n’est pas inutile de revenir sur ce que les uns et les autres ont fait quand ils étaient au pouvoir, ainsi que sur ce que les uns et les autres ont dit à Pontoise pendant ces élections municipales.

L’incurie au pouvoir

L’incurie, en termes de politique de santé publique, ne date pas d’hier. La casse de l’hôpital public a malheureusement commencé depuis longtemps, même si l’on peut situer son point d’orgue à l’instauration de la tarification à l’activité sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Certains ont pu croire que cette politique catastrophique allait être infléchie pendant le quinquennat de François Hollande. Il n’en a rien été.

Le financement d’un hôpital majoritairement par la tarification à l’activité est une aberration, comme l’ont souligné le professeur André Grimaldi et plusieurs autres médecins dans une tribune publiée dans Le Monde du 11/03/2020. Cette logique purement gestionnaire pousse en effet les équipes à un taux d’occupation des lits de 100%. Mais comment gérer la crise actuelle sans prévoir des lits disponibles ? Et comment, en temps normal, accueillir les enfants atteints de bronchiolite, les personnes âgées atteintes de grippe saisonnière et les urgences en général, si les établissements sont complets ? On marche sur la tête depuis bien longtemps, que le ministre de la santé ait pour nom Roselyne Bachelot, Marisol Touraine, Agnès Buzyn ou Olivier Véran.

Car contrairement à une clinique privée, l’hôpital public ne choisit ni ses activités, ni ses patients.

Ces médecins, signataires de la tribune, justifiant ainsi les luttes des personnels de l’hôpital, demandent que le gouvernement annonce un moratoire immédiat sur la T2A pour financer l’hôpital public en sus de mesures supplémentaires immédiates de financement d’un montant de 3 à 4 milliards d’euros pour recruter les 40 000 infirmières nécessaires et rouvrir les lits fermés.

C’est donc un hôpital frappé de plein fouet par les politiques successives de casse du service public de la santé qui doit faire face à la pandémie de coronavirus. En pleine vague de démissions de médecins, avec un manque criant d’infirmières et en recherche permanente de masques, de gants, de respirateurs, de tests… Et à côté de ce drame, la sidérante impréparation de ce gouvernement, doublée d’une communication qui restera dans les annales. Qu’on en juge par les déclarations du ministre Olivier Véran :

  • Mardi 18/02/2020 « La France est prête. »
  • Dimanche 23/02/2020 « La France est prête car le gouvernement a consulté, préparé, anticipé. »
  • Mardi 3/03/2020 « Je procède au déstockage de plusieurs millions de masques. »

et du président lui-même :

  • Lundi 16/03/2020 « Nous sommes en guerre. Les masques seront livrés dès demain dans les départements les plus touchés, mercredi dans le reste du pays. »

Tout cela, pour que quelques jours plus tard, le ministre Véran reconnaisse piteusement devant les parlementaires que le gouvernement a annoncé pendant trois semaines la livraison de masques qu’il n’avait pas :

  • Vendredi 20/03/2020 « Nous étions un pays qui, hélas, n’était pas préparé, du point de vue des masques et des équipements de protection, à une crise sanitaire en raison d’une décision qui a été prise il y a 9 ans. »

On reconnaîtra l’élégance de celui qui, après avoir menti pendant des semaines, rejette la faute sur ses petits camarades.

Et que dire des deux messages apparemment contradictoires du gouvernement. Le premier appelant tous les Français à demeurer confinés chez eux et le second demandant à un maximum de travailleurs d’aller au charbon. Muriel Pénicaud s’étant fait la spécialiste, dans son sabir si particulier, de tels appels à la mobilisation. Mais cette contradiction n’est qu’apparente. L’objectif est de protéger par le télé-travail la « start up nation » chère à M. Macron pendant qu’on envoie au front les petites gens, caissières de supermarchés, éboueurs, ASH dans les hôpitaux et les Ehpad, manutentionnaires et livreurs… en première ligne pour maintenir l’essentiel.

Le jour venu, il faudra rendre des comptes.

Et à Pontoise ?

Deux thèmes ont fait partie du cœur de la campagne de PAGV : la défense des services publics, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, et l’absolue nécessité d’ouvrir un Centre Municipal de Santé (CMS). Nous étions d’ailleurs présents le 31 janvier à l’hôpital de Pontoise aux côtés des avocats en grève et des personnels hospitaliers également en grève qui étaient intervenus ensemble pour protester contre les « réformes » en cours. Face à nous, dans un silence gêné, M. Houillon, maire de pontoise (LR), président du conseil de surveillance de l’hôpital et M. Seimbille, vice-president du Conseil départemental (ex-LR) ( (il manquait juste Stéphanie on Euw pour compléter le tableau des responsables LR de Pontoise).

Un rapide coup d’oeil sur le programme des uns et des autres montre que la défense d’un service public de santé n’était pas à l’ordre du jour des autres listes.

Liste Union pour Pontoise, Stéphanie Von Euw :

Rien sur les services publics.
Création d’une maison de santé pluriprofessionnelle dans les locaux de l’ancien collège du Parc aux Charrettes. Curieusement, cette demande ne se retrouvera pas dans la profession de foi de la candidate où il est question de l’installation de médecins dans la maison médicale des Cordeliers. De toute façon, quel que soit le lieu espéré, SVE en reste au projet que son mentor, Philippe Houillon, avait promis pour janvier 2020 : ouvrir une maison médicale sans dire comment elle fera mieux que lui pour faire venir des médecins libéraux.

Liste Vivre à Pontoise 2020, Gérard Seimbille :

Rien sur les services publics.
Création de maisons médicales (au pluriel !). Alors qu’en tant que premier adjoint, il a échoué à trouver un seul médecin pour travailler dans les préfabriqués des Cordeliers, promis pour janvier 2020 et toujours en chantier, M. Seimbille promet tranquillement la création de plusieurs maisons médicales.

Liste Nous Pontoisiens, Pascal Bourdou :

Rien sur les services publics.
M. Bourdou qui a voté le projet de maison médicale aux Cordeliers, avec le succès que l’on connaît, propose l’ouverture de centres de santé (au pluriel !). Il sait, comme M. Seimbille, que les promesses, même les plus folles, n’engagent que ceux qui y croient.

Liste Pontoise Ecologique et Solidaire, Sandra N’guyen Dérosier :

Rien sur les services publics.
La candidate du Parti Socialiste propose de créer un centre de santé en précisant, parce qu’on est de gôche ou on ne l’est pas, qu’il devra pratiquer le tiers payant, et refuser les dépassements d’honoraires. On dirait du PAGV, mais ce n’est pas du PAGV parce qu’une fois de plus le PS s’arrête en chemin. En effet, si on ne précise pas que ce centre de santé doit être municipal et que les professionnels doivent être salariés, on parle en réalité d’une maison médicale avec des médecins libéraux. Autrement dit, sous des dehors progressistes, cette proposition est la même que celles des 3 candidats de droite.

Aujourd’hui la présence d’un tel centre, aux côtés des urgences de l’hôpital de Pontoise, aurait été d’une aide considérable pour les Pontoisiens. On est donc également en droit de demander des comptes à tous ceux qui, par pure idéologie, ont refusé d’envisager la solution du CMS.

Un troisième thème au cœur de la campagne de PAGV a été l’écologie. Non pas juste pour faire bien, comme les autres candidats qui ont tous voté la construction d’un parking sous les jardins de la ville qui va aggraver les problèmes de circulation dans le centre-ville. Mais parce que nous sommes conscients que sans changement radical, le monde va à la catastrophe et que la crise sanitaire que nous vivons est le résultat des politiques néolibérales menées en France et dans le monde.

Comme l’a noté Sonia Shah, dans un article récent du Monde Diplomatique, « avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’adapter ».  La destruction des habitats des animaux ont détruit les barrières biologiques protectrices des êtres humains et a entraîné « une probabilité accrue de contacts proches et répétés avec l’homme, lesquels permettent aux microbes de passer dans notre corps, où, de bénins, ils deviennent des agents pathogènes meurtriers ».

4 Comments

  1. Bonjour,
    Vous vous trompez à nouveau sur le projet de centre de santé de la liste Pontoise ecologique et solidaire menée par Sandra Nguyen Dérosier. Nous ne parlons pas d’une maison médicale mais bien d’un centre de santé.
    Le projet présenté par un membre de la liste N’EST PAS LE PROJET DE LA LISTE. C’est une initiative personnelle de cette personne. Son projet ne tient pas la route.

    • Vous ne faites que confirmer ce qui est écrit dans l’article : à aucun moment PES n’a pris l’engagement – et surtout pas par écrit – de créer un Centre Municipal de Santé. Au contraire vous faites plus qu’attention à ne jamais utiliser l’adjectif “municipal” qui pour nous est un, sinon LE, point essentiel du projet sur lequel nous travaillons depuis 2 ans.
      Nous ne savons rien de l’initiative d’un « membre de la liste » PES auquel vous faites allusion. Nous ne prenons en compte que les textes officiels de PES dans lesquels rien ne précise la vraie nature de votre projet. Votre réunion publique de janvier 2020 sur le thème de la santé, en présence d’une adjointe au maire de Cergy va, au regard du projet de centre médical de cette ville, même dans le sens de ce que nous dénonçons : un énième “service public” qui, même pas encore réalisé, est déjà confié à un partenaire privé lequel n’aura, forcément, que la rentabilité pour seul objectif.
      « Maison médicale » ou « centre de santé », quelque soit le nom qu’on lui donne, si le projet n’est qu’une coquille vide, toutes les opportunités, y compris les plus libérales, peuvent y prendre place.

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