A Pontoise et Osny, la tension monte dans les services de l’administration pénitentiaire

[ Communiqué du 28 janvier 2018 ] 

Vous pourrez lire les communiqués des organisations syndicales représentatives du Service Pénitentiaire d’Insertion et Probation du Val d’Oise (SPIP), dont le siège est à Pontoise et qui dispose d’une antenne au sein de la maison d’arrêt du Val d’Oise à Osny :

Quelles sont les raisons de ces mouvements ?

– Du côté des personnels d’insertion et de probation (les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, CPIP) les agents demandent le respect de la parole de l’État : en effet, en juillet 2016, suite à un long et difficile mouvement social (sanctions disciplinaires, intimidation de leur hiérarchie, etc.) ces personnels – qui n’ont pas le droit de grève – obtenaient enfin l’accès à la catégorie A de la fonction publique. Cette revendication, portée de longue date, devenait réalité, et l’accord signé entre les Organisations Syndicales et l’administration recevait le contreseing du président de la République !

Cette réforme statutaire devait entrer en vigueur le 1er février 2018, tous les décrets d’application avaient été pris. Pourtant, fin 2017, le nouveau gouvernement décide unilatéralement de reporter d’un an la mise en œuvre de cette réforme (tout comme il suspend en parallèle, pour la même durée au moins, les maigres mesures salariales accordées par son prédécesseur aux fonctionnaires, les fameuses mesures dites « PPCR » – Parcours Professionnels , Carrières et Rémunérations – rejetées comme insuffisantes par la majorité des organisations syndicales siégeant au Conseil Commun de la Fonction Publique).

Comment accepter qu’une mesure validée par les plus hautes instances de l’État puisse être tout simplement effacée, ou même reportée ? C’est la continuité de l’État qui est mise à mal par le gouvernement « En Marche » !

– Du côté des personnels de surveillance, c’est un ras-le-bol général (où se mêlent conditions de travail insupportables, violences, salaires indignes et mépris de leur administration) qui fait suite à des événements récents et traumatisants en lien avec la prise en charge des détenus dit « radicalisés ». Ils ne font que réclamer à l’État une juste reconnaissance de leur rôle et des missions qu’ils exercent : amélioration de leurs conditions de travail et revalorisations salariales sont au centre de leurs revendications.

Pour rappel, tous ces personnels (CPIP, surveillants, mais aussi tous les agents de l’administration pénitentiaire) sont soumis à un statut spécial qui leur interdit de faire grève. Quand ils débrayent, ils s’exposent donc immédiatement à des sanctions disciplinaires, parfois très lourdes.

pour en savoir plus sur leurs statuts et rémunérations :

A PAGV nous espérons que ces personnels obtiendront des avancées salariales et verront leurs conditions de travail durablement améliorées. Cependant, nous ne pensons pas que quelques mesurettes indemnitaires, quelques centaines d’agents recrutés et un durcissement des mesures de sécurité à l’encontre des détenus soient de nature à véritablement changer les choses. Sur ce dernier point c’est même carrément le contraire : les conditions de détention sont l’axe principal sur lequel le gouvernement devrait se pencher. Notre système pénal et carcéral est dans l’impasse totale et il semble nécessaire de le repenser de fond en comble. Il faut en finir avec la référence systématique à l’emprisonnement et sortir de cette escalade sécuritaire et répressive, fruit d’une « justice de classe » (selon les propres mots de l’ancienne magistrate Eva Joly) au service des intérêts de la minorité dominante. Les études montrent que notre système judiciaire est particulièrement inégalitaire : vous serez plus sévèrement jugés, pour des mêmes faits, si vous êtes pauvres, sans emploi ou étranger (voir en ce sens les analyses de l’observatoire des inégalités).

Quelques liens pour poursuivre sur le sujet :

 

[Mise à jour du 29 janvier 2018]

Les médias ont annoncé ces 2 derniers jours qu’un accord avait été signé par l’organisation syndicale majoritaire chez les surveillants pénitentiaires. Cette annonce mérite précisions :
Le syndicat signataire (UFAP-UNSA) est « premier » syndicat chez les surveillants, mais n’est pas majoritaire au sens des accords de Bercy. En effet d’après la loi du 5 juillet 2010 relative à la rénovation du dialogue social, qui en découle, seuls les accords signés par une ou plusieurs organisations syndicales ayant recueilli au moins 50 % des voix lors des dernières élections professionnelles organisées au niveau où l’accord est négocié, sont valides.
A elle seule, la signature de l’UFAP-UNSA, qui a obtenu un peu moins de 40% des voix lors des dernières élections professionnelles au comité technique de l’Administration Pénitentiaire, ne suffit pas à valider l’accord.