
Petit rappel
Lors des élections législatives de 2024, une proche de Marion Maréchal Lepen, Anne Sicard, a été élue, grâce au maintien de la macroniste, Émilie Chandler, pourtant arrivée en troisième position sans aucune chance de l’emporter1. La droite pontoisienne a été la première à conseiller à Émilie Chandler de se maintenir. On pouvait penser que c’était plus par peur du candidat du Nouveau Front Populaire que par soutien aux positions d’une candidate d’extrême droite. Il n’en était rien.
La lecture des dernières tribunes du magazine de la Ville nous montrent en effet que les positions des groupes dirigés par Stéphanie Von Euw et Gérard Seimbille ne se distinguent pas de celles de l’extrême droite en matière de sécurité.
La tribune de la majorité, rédigée d’une plume martiale par le général Daoust, en est une tragique illustration.
Mongénéral en campagne
La description apocalyptique qu’il fait de la situation, le vocabulaire guerrier qu’il utilise, donnent l’image d’une ville, d’un pays qui seraient au bord de la guerre civile :
- « le narcotrafic gangrène notre société »
- « les forces de l’ordre et l’administration pénitentiaire sont les cibles d’attaques d’une violence inouïe »
- « les communautarismes divisent l’unité nationale dressant les citoyens les uns contre les autres »
- « l’explosion de la délinquance »
- « les interventions de notre police municipale sur tous les fronts »
Comme toujours, ce genre de prose, qu’elle soit le fait d’un Pascal Praud ou du général Daoust, n’est jamais argumentée, jamais sourcée. Pas de chiffres, aucun bilan, une suite d’exagérations. L’objectif est de créer la peur, pas d’argumenter. L’absence de démonstration est remplacée par la répétition. Ainsi, le mot « sécurité » se retrouve 9 fois dans ce court tetxe, l’idée que la liberté ou le bien-vivre seraient automatiquement liés à la sécurité est énoncée 4 fois :
- « Notre liberté ne peut se réaliser que dans un état de droit garanti par la sécurité. »
- « il est essentiel que l’intérêt collectif soit de bien vivre ensemble grâce à une sécurité des personnes et des biens bien assurée. »
- « à Pontoise pour le bien vivre ensemble c’est notre engagement dans une sécurité pour tous. »
- « notre liberté ne peut se réaliser que dans un état de droit garanti par la sécurité. »
Il serait ridicule de nier qu’il existe une petite délinquance dans notre ville, comme dans toutes les villes d’ailleurs. À lire le général Daoust, les responsables de cette situation ne sont pas à chercher bien loin. Chez les communautaristes d’abord (lire les Musulmans) qui « divisent l’unité nationale » et dans les familles (lire les familles pauvres), défaillantes en matière d’éducation et responsables du « manque d’encadrement d’enfants livrés à eux-mêmes ». Face à ces dangers publics, le général ne peut opposer que « le rappel à l’ordre dès la première infraction », mais il se plaint que «ce ne sera jamais assez au regard de la perte du civisme, du respect d’autrui et de l’autorité des institutions comme des enseignants dans nos écoles». Ah bon, mon général, la seule répression serait-elle donc impuissante, malgré tout l’argent public que vous y dépensez ?
Pourtant, malgré l’inefficacité qu’il constate lui-même dans l’application de ses méthodes répressives, le général Daoust s’en prend à celles et ceux (lire la gauche) qui envisageraient d’utiliser d’autres moyens :
- « celles et ceux qui se permettent quelques incises politiques et démagogiques couvrant d’opprobre » la sécurité.
- « ces dogmatiques » pour qui « la sécurité ne serait qu’un sujet négligeable voire stigmatisant ».
- « certains élus qui refusaient par idéologie » (il parle de la vidéosurveillance).
- « d’aucuns ne voient encore dans la sécurité qu’un moyen coercitif privatif de droits et de liberté ».
La République nous appelle
Le groupe Vivre à Pontoise, dirigé par Gérard Seimbille, ne fait pas non plus dans la dentelle. Selon ce groupe, l’heure serait grave et notre modèle républicain en péril. La source du danger ne viendrait pas de la nouvelle députée appartenant à un courant politique héritier de la Collaboration et des putschistes de la guerre d’Algérie, défendant la théorie du prétendu « grand remplacement ». Non, la menace résiderait dans « l’entrisme religieux (qui) voudrait ainsi remettre en cause un principe constitutionnel et imposer un modèle liberticide ». Cet « entrisme religieux » viendrait-il des intégristes catholiques qui, comme à Bétharram, confondent pédagogie et pédo-criminalité ? Non. Sans être grands clercs, on peut raisonnablement supposer, même s’ils ne sont pas explicitement désignés, que ce sont encore nos compatriotes musulmans qui sont visés. Il est vraisemblable que le groupe Vivre à Pontoise s’est laissé influencer par la publicité qui a été faite dans les medias à un rapport officiel intitulé Frères musulmans et islamisme politique en France. Malheureusement, ce rapport n’est qu’un pétard mouillé quand on sait que l’organisation des Frères musulmans :
- n’occupe que 7 % des 2 800 lieux de culte musulmans répertoriés
- n’instruit que 4 200 élèves sur les 1,7 millions d’élèves musulmans, soit 0,25 %
- n’anime que 125 associations sur les 325 000 associations musulmanes, soit 0,04 %
La tribune se termine par un salut à nos services publics qui seraient « les premiers remparts face aux tentatives de déstabilisation et menaces qu’ils subissent régulièrement ». Cela pourrait être drôle si ce n’était pas tragique. Monsieur Seimbille, les attaques contre nos services publics ne viennent pas d’un islam que vous n’osez même pas nommer, mais des divers gouvernements que vous avez soutenus et de celui que vous soutenez actuellement qui suppriment des dizaines de milliers de postes dans la fonction publique.
On l’aura compris, la droite pontoisienne fourbit ses armes pour les prochaines élections municipales de mars 2026. Que ce soit Stéphanie Von Euw, Gérard Seimbille ou d’autres, la méthode sera simple : créer artificiellement un climat de peur dans la population. Elle pourra certainement compter pour cela sur l’appui de la députée d’extrême droite.
Face à cela, la gauche sera unie autour d’un programme social et écologique.
Nous y reviendrons.
1Pour la féliciter de cette performance, Émilie Chandler a été nommée, à compter du 8 avril 2025, directrice adjointe de cabinet chargée du Plan toutes et tous égaux au cabinet de la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
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