[ Tribune de janvier 2015 ]
“La moitié des habitants de Pontoise ne paie pas d’impôts !” s’indigne t-on souvent en conseil municipal. Les pauvres seraient donc finalement des privilégiés ? Voyons de plus près ce qu’il en est.
L’impôt sur le revenu, qui n’est effectivement pas payé par tous, ne fournit qu’environ 20% des recettes de l’État. Il représente moins de 3 % du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) de la France, ce qui en fait l’un des plus faibles des pays de l’O.C.D.E. En revanche, la TVA, elle payée par tous et sans aucune progressivité, rapporte à l’Etat près de la moitié de ses recettes. Alors que le paiement de cet impôt indirect ne représente que 5,9% des revenus disponibles des 10% des ménages les plus riches, il représente 11,5% des revenus disponibles des 10% des ménages les plus pauvres qui, eux, consomment l’essentiel de leurs revenus. Ainsi, la hausse de la TVA du 1er janvier 2014, décidée par le gouvernement, pénalise donc beaucoup plus lourdement les bas revenus.
Raisonner à partir du seul impôt sur le revenu n’a donc pas de sens et non seulement tous les Pontoisiens, sans exception, paient des impôts, mais, contrairement aux idées reçues, les pauvres sont très durement ciblés. Plutôt que de bricoler des mesures telles la modulation des allocations familiales selon les ressources des foyers ou la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu, c’est une grande réforme fiscale dont nous avons besoin pour rendre l’imposition plus juste, plus progressive et en finir avec les niches fiscales qui permettent aux plus riches d’y échapper.
(tribune PAGV publiée dans Pontoise Infos de janvier 2015)