[ 1ère circonscription du Val d’Oise ]
Les élections législatives qui viennent de se dérouler dans la première circonscription du Val d’Oise, bien plus que la victoire de l’ancienne droite représentée par Antoine Savignat sur la nouvelle droite représentée par Isabelle Muller-Quoy, ont vu le triomphe de l’abstention :
- 80,91 % d’abstention au deuxième tour sur l’ensemble de la circonscription.
- 81,24 % d’abstention au deuxième tour sur la ville de Pontoise.
Aucun des deux candidats ne semble s’attribuer une quelconque responsabilité dans ce rejet.
Mme Muller-Quoy avance l’idée que ce taux d’abstention « exprime une fracture profonde entre la société et la vie politique », mais ce début de lucidité reste fugitif puisqu’elle continue en paraissant s’étonner du fait que « les électeurs de gauche ne se sont pas déplacés ». Il ne lui vient curieusement pas à l’esprit qu’il puisse y avoir un lien entre la politique menée par le gouvernement qu’elle soutient et cette abstention des électeurs de gauche.
Madame Muller-Quoy n’a pas compris que la parenthèse temporelle, où il suffisait à un ou une inconnue de montrer sa binette à côté de celle d’Emmanuel Macron pour siéger sur les bancs de l’Assemblée Nationale, était refermée. Madame Muller-Quoy ferait mieux de s’en prendre à elle-même, enseignante de Droit à l’université qui a cru pouvoir se présenter en juin 2017 avec un suppléant inéligible. Dans sa profession de foi du second tour, au lieu d’assumer cette erreur elle rejette la responsabilité sur d’autres («l’inéligibilité de mon ancien suppléant dont je n’avais pas connaissance pour des raisons de délais»). On imagine que c’est également à l’insu de son plein gré que des incompétents ont glissé une faute d’orthographe dès les premières lignes de sa profession de foi : «Je remercie tous les électeurs qui se sont déplacés et en particulier celles et ceux qui m’ont renouvelés leur confiance dès le 1er tour.» C’est certainement pour «des raisons de délai» que notre ex-députée n’a pas pu faire remarquer à temps que le participe passé « renouvelé » ne devait pas s’accorder puisque le COD («leur confiance») était placé après le verbe.
Décidément, Madame Muller-Quoy ne sait pas s’entourer. Nous ne la regretterons pas.
M. Savignat, lui, se contente de trouver «désolant (que) des personnes qui ont la possibilité de voter, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays du monde, ne fassent pas l’effort de se déplacer».
M. Savignat avait peut-être cru qu’il lui aurait suffi de faire quelques tours d’autos-tamponneuses à la Foire St Martin pour donner aux électeurs l’envie de courir aux urnes afin de choisir entre l’ancienne et la nouvelle droite. Cela n’a visiblement pas été suffisant puisque notre nouveau député n’aura été élu que par 10,81 % des inscrits sur toute la circonscription, et seulement 9,27 % des inscrits dans sa ville de Pontoise. C’est certainement beaucoup moins que ne l’espérait son mentor, Philippe Houillon qui, après la victoire de son poulain, déclarait, dans un français incertain :
«J’avais soumis l’idée qu’Antoine me succède. Je savais qu’il matcherait (sic) avec les électeurs de la première circonscription. Ça a pris un peu plus de temps que prévu.»
Pour tous ceux qui s’interrogeraient sur le sens du verbe «matcher» une traduction semble nécessaire. Malheureusement pour la clarté du propos du coach, le verbe anglais «to match» a deux sens contradictoires. Il peut signifier «rivaliser dans une compétition», «disputer un match». Mais il peut également signifier «aller bien ensemble», «faire la paire». Après réflexion, on peut raisonnablement supposer qu’au moment où il prononçait ses paroles, notre maire pensait au deuxième sens. Il n’est cependant pas interdit de parier qu’au printemps dernier, quand il a décidé de ne pas se représenter, M. Houillon devait plutôt penser que le match à venir avec les électeurs de la première circonscription allait être suffisamment difficile pour ne pas se mettre lui-même en première ligne.
(PAGV le 2 mars 2018)