« Pontoise : la chasse aux dealeurs est ouverte »
Tel est le titre de la Gazette du Val d’Oise du 14/02/2024.
Ce n’est pas une surprise, la maire de Pontoise n’a jamais caché son penchant dispendieux pour une politique dite de sécurité. Le mot «économie», en effet, ne s’applique pas à ce secteur : embauches de policiers municipaux, achats de pistolets semi-automatiques, tasers, LBD, protections anti-émeutes, vélos puis motos électriques, multiplications des caméras de videosurveillance… Rien n’est trop beau, ni trop cher.
Ce qui est plus surprenant, c’est quand Stéphanie Von Euw s’essaie, lors du conseil municipal du 8/02/2024, à justifier cette politique à partir d’une analyse de ce qu’elle appelle les émeutes de l’été dernier :
« Les émeutes, on a dit que c’était une crise des banlieues. Certains sont même allés jusqu’à dire que c’était une crise de la pauvreté. Quelle erreur ! La réalité c’est que c’était un combat de territoires et que certains voulaient envoyer le message que la République ne pouvait pas rentrer sur certains territoires (…) C’était des points de deal où on attirait le bleu, comme on dit, police nationale, police municipale, gendarmes, BRI, tout ce que vous voulez, pour aller casser tout ce qui pouvait représenter du bleu blanc rouge et montrer que la force était ailleurs sur les territoires. C’est ça qui s’est passé en juin et en juillet. Et il faut pas laisser dire autre chose parce que si on veut cacher cette vérité-là on va encore passer à côté des réponses qui doivent être apportées. »
Il y aurait beaucoup à dire sur cette tentative d’analyse, erronée de bout en bout. Nous nous contenterons de deux remarques.
1) Madame Von Euw, qui a mis la sécurité en tête de toutes ses préoccupations, qui a choisi de prendre comme premier adjoint un général de gendarmerie, François Daoust, ignore, ou fait semblant d’ignorer, ce que sait tout policier de base :
Les trafiquants de drogue, en bons commerçants qu’ils sont, détestent le désordre et aspirent à la tranquillité la plus absolue, gage de bonnes affaires. Ils seront donc les derniers à faire venir les forces de police sur leur territoire.
2) Beaucoup plus grave, Madame Von Euw oublie, ou fait semblant d’oublier, qu’à l’origine de la révolte urbaine qui a eu lieu, non pas dans quelques points de deal, mais sur tout le territoire, il y a le meurtre d’un jeune homme de 17 ans, tué à bout portant par un policier en rien menacé.
Il est regrettable qu’aucune voix n’ait porté ces deux messages lors du conseil municipal.