Pontoise, une santé fragile

[ Lutte contre le désert médical de Pontoise : les coûteuses gesticulations de la mairie ]

Le dossier central de Pontoise Mag de mars 2023 est intitulé « Pontoise mobilisée pour attirer de nouveau médecins ». La photo de l’élue chargée de la santé, Schahrazade Delamare, nous permet même d’associer un visage à cette « mobilisation ».

« Nous avons élaboré une véritable stratégie médicale qui porte déjà ses fruits et qui permet à Pontoise d’être plus attractive dans un contexte concurrentiel fort entre les communes. » affirme-t-elle dans un jargon qui emprunte plus au MEDEF qu’au secteur médical, déformation probablement due au fait qu’elle est également chargée de l’attractivité économique.

Malheureusement, quand on y regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit très vite que les promesses de Schahrazade Delamare tiennent plus des contes des Mille et une nuits que d’une véritable stratégie de santé publique.

Ainsi le Conseil Municipal du 15/12/2022 a voté quelques mesures pompeusement nommées « plan d’attractivité médicale ». Il s’agit purement et simplement de DONNER de l’argent public à des médecins libéraux, SANS AUCUNE RÉELLE CONTREPARTIE :

Aide au recrutement d’un ou d’une assistante médicale et contribution financière à son coût salarial annuel : 5.000 € annuels pour un temps plein, 2.500 € pour un mi-temps et 1.600 € pour un tiers-temps.

Pour toucher cette aide, le médecin devra s’engager à maintenir son activité à Pontoise pendant une durée minimale de 3 années. Mais qui peut croire que la ville aura les moyens de se faire rembourser ces dons en cas de non respect de cet engagement ?

Prise en charge par la ville des trois premiers mois de loyer des médecins nouvellement installés.

Pour toucher cette aide, le médecin devra s’engager à exercer au moins 5 demi-journées par semaine à Pontoise. Et s’il ne le fait plus après 3 mois ?

Ces médecins devront également s’engager à accueillir la patientèle pontoisienne. Là, on se moque carrément du monde. De la même manière que le généraliste récemment installé aux Cordeliers est venu avec toute sa patientèle de Cergy Saint-Christophe, il en ira de même avec tout autre généraliste venant d’une commune proche, Auvers-sur-Oise par exemple.

Aide mensuelle aux médecins pontoisiens travaillant en cabinet afin de les aider à supporter temporairement les conséquences financières et notamment locatives du départ de confrères, quelle qu’en soit la cause. À combien se montera cette aide ? On ne le sait pas.

Pour toucher cette aide, le médecin devra s’engager à maintenir son activité au moins 12 mois à Pontoise. Cela lui permettra à bon compte de chercher en toute tranquillité un meilleur point de chute.

Aide financière aux internes en médecine générale qui s’engageraient à s’installer à Pontoise à la fin de leurs études.

Une fois de plus, les promesses n’engageront que les gogos qui y auront cru.

Enfin, la ville s’engage à ré-habiliter à ses frais un immeuble en triste état 8 rue Lemercier pour accueillir des généralistes en partance d’Auvers-sur-Oise. On parle d’un million d’euros de travaux pour accueillir des généralistes qui, on l’a déjà dit, viendront avec une grande partie de leur patientèle.

Tous ces onéreux cadeaux de bienvenue seront offerts à tous, y compris aux professionnels qui exerceront en secteur 2, c’est-à-dire ceux qui pratiquent des dépassements d’honoraires, choisissant par là-même une patientèle fortunée.

La double page du magazine se termine par une série de chiffres. Un d’entre eux nous annonce 13 généralistes exerçant aujourd’hui à Pontoise. Après avoir bien cherché et sauf erreur toujours possible de notre part, il n’y en a que 12. ce qui fait pour notre ville une moyenne catastrophique de 1 généraliste pour 2 700 habitants.

En résumé, Stéphanie Von Euw, Schahrazade Delamare et l’immense majorité du Conseil Municipal ont choisi, face à une situation dramatique pour la population, la très mauvaise solution consistant à distribuer sans compter de l’argent public à des professionnels libéraux.

ET POURTANT

Le 4 décembre 2020, Stéphanie Von Euw recevait une délégation de PAGV qui lui proposait de créer à Pontoise un Centre Municipal de Santé, un lieu où les professionnels de santé salariés par une ville, travaillent en équipe, organisent des actions de prévention, pratiquent exclusivement les tarifs de secteur 1, le tiers-payant et refusent tout dépassement d’honoraires.

Ce jour-là, la maire de Pontoise, accompagnée de Laetitia Dewaele, adjointe au maire, chargée à l’époque de la santé, nous a répondu que la ville n’avait pas d’argent pour intervenir en matière de santé.

Ainsi, l’argent qui n’existait pas hier pour GÉRER un Centre Municipal de Santé, et donc bénéficier du montant des consultations, coule à flots aujourd’hui pour OFFRIR sans contrepartie de l’argent public à des professionnels libéraux.

LA POLITIQUE DE SANTÉ ERRATIQUE DE LA MAIRE DE PONTOISE

Lors de cettte même rencontre de décembre 2020 entre la maire de Pontoise et PAGV, le problème de la concurrence entre villes avait été abordé, ainsi que la nécessité d’une concertation au niveau de l’agglomération. Voici un extrait du compte-rendu de cette réunion, rédigé par PAGV et soumis à Stéphanie Von Euw :

« La réunion se termine après plus d’une heure de discussion sur un constat partagé. La concurrence que se livrent entre elles les communes de l’agglomération pour attirer des généralistes serait ridicule si elle n’était pas tragique. La maire en a déjà discuté avec le président de l’agglomération qui serait favorable à plus de concertation. Il nous semble qu’une bataille pour un centre de santé de l’agglomération avec des antennes dans les communes qui en ont le plus besoin, dont Pontoise, serait extrêmement pertinente. Rien ne nous interdira alors de demander le soutien de la vice-présidente de l’agglo qu’est Stéphanie Von Euw. »

Force est de constater que le constat partagé en 2020 ne l’est plus en 2023. Ainsi, après avoir été très agacée quand le maire de Méry-sur-Oise a débauché deux médecins du cabinet de la rue Séré-Depoin, Stéphanie Von Euw n’a pas tardé à changer de stratégie en en faisant de même avec les généralistes d’Auvers en désaccord avec leur maire. Et la Gazette du 15/03 nous apprend que le projet de la rue Lemercier à peine annoncé dans Pontoise mag est déjà abandonné et remplacé par un autre, plus ambitieux, dans les bâtiments du collège du Parc aux Charrettes. Le coût du chantier, nous dit-on, serait diminué de moitié. On nous permettra d’attendre les chiffres définitifs pour en juger.

Autre champ de bataille qui voit s’affronter les deux maires Les Républicains d’Argenteuil et de Pontoise, prétendant tous deux faire de l’hôpital de leur ville un Centre Hospitalier Universitaire.

QUELLE ALTERNATIVE ?

Tout autre est la perspective proposée par le Collectif Santé Agglo.

Après le refus de la maire de Pontoise de créer un Centre Municipal de Santé à Pontoise, PAGV s’est rapprochée de plusieurs associations de l’agglomération pour réfléchir à la création d’un Centre Intercommunal de Santé. À l’actif du Collectif Santé Agglo né de cette rencontre :

  • Un appel au président de l’agglomération, Jean-Paul Jeandon
  • Une pétition signée par plus de 6.000 Cergypontains
  • Une soirée-débat au cinéma Utopia
  • Une réunion publique à Cergy 
  • Un rendez-vous avec deux députés sur les trois de notre territoire
  • Des rencontres avec des maires de l’agglomération

En réponse à la campagne que nous menons, le collectif rencontre trois types de positions :

  1. L’attitude bornée du président de l’agglomération qui, pour d’obscures raisons connues de lui seul, refuse de recevoir le collectif.
  2. L’attitude rétrograde et idéologique des maires de Pontoise et de Saint-Ouen l’Aumône qui choisissent la guerre de tous contre tous en dépensant sans compter pour faire venir des médecins libéraux dans leur commune.
  3. L’attitude ouverte de plusieurs maires de l’Hautil qui ont entendu avec intérêt les propositions du collectif et avec qui les discussions vont se poursuivre.

À l’inverse de tous les contes à dormir debout répandus par la municipalité de Pontoise, PAGV et le Collectif Santé Agglo continuent donc à oeuvrer pour que soit mise en œuvre une solution collective, publique, au service de toute la population de l’agglomération.