[ Tribune de juillet 2008 ]
Quiconque circule sur le parvis de la gare tout juste rénové sera sûrement attiré par un élément de mobilier urbain en forme d’écu médiéval. Il pourra alors apprendre quel personnage est immortalisé par la statue qui, du pied de la Cathédrale Saint Maclou, domine la rue Thiers. C’est, explique le panneau inauguré en 2003 » la statue du général Victoire-Emmanuel Leclerc, né à Pontoise en 1772, qui s’illustra lors de la campagne d’Italie que conduisait Bonaparte. Devenu l’époux de Pauline Bonaparte en 1797, il aida son beau-frère lors du coup d’État du 18 Brumaire. Envoyé par celui-ci à l’île de Saint Domingue pour la pacifier, il s’acquitta remarquablement de sa tâcheavant d’être terrassé par la fièvre jaune, en 1802« . Pour ce qui concerne l’expédition à Saint Domingue (aujourd’hui partiellement Haïti), la formule est d’une pudeur que ne justifie pas le manque de place sur le panneau. En 1802, Leclerc est envoyé pour rétablir l’esclavage aboli par la République en 1794. Il ne « pacifie » rien : son arrivée provoque l’insurrection du peuple sous la direction de Toussaint Louverture, ancien esclave, nommé général en chef de Saint Domingue par le directoire en 1796. Par traîtrise, Leclerc capture Toussaint Louverture qui mourra de mauvais traitements au fort de Joux (Doubs) en 1803. Le peuple d’Haïti gagnera quand même son indépendance dès le 1er janvier 1804.
La statue de Leclerc appartient à l’Histoire. Sur le panneau, l’injure à la vérité, elle, est bien actuelle. La reconnaissance sincère du crime qu’a constitué l’esclavage exigerait au moins que Pontoise assume enfin honnêtement son piètre héros.
(Tribune PAGV publiée dans Pontoise Infos de juillet-août 2008)