Après le portrait de Maria Deraismes, que nous avions publié fin février, le groupe « égalité femmes-hommes » de PAGV vous propose celui de Sonita Alizadeh, rappeuse et militante contre le mariage forcée, par Nina P. :
Voici l’histoire d’une jeune femme irano-afghane engagée, Sonita Alizadeh, qui naît à Hérat en 1996.
Comment l’ai-je découverte ? La projection d’un documentaire, intitulé «Sonita», qui m’est resté quelques temps en tête. Parce que cette jeune femme m’avait touchée, son histoire tristement partagée par des millions d’autres femmes, son combat, et son impressionnante détermination. Et parce que chanter, pour une femme, lui est interdit dans son pays natal. Mais elle en a décidé autrement. Elle compte briser les règles du patriarcat par sa voix, ses mots.
Durant son enfance au sein d’une famille traditionnelle, elle se trouve très jeune confrontée au funeste sort des filles et femmes. Celui que leur réserve en Afghanistan la société patriarcale. Sonita échappe à deux reprises, de justesse à un mariage forcé. Le premier lorsqu’elle avait seulement 9 ans et le second 14 ans, alors qu’elle était promise au prix de 9000 dollars de compensation pour sa famille.
A ses 14 ans, elle découvre le rap à la radio comme moyen d’expression et de diffusion. Sonita se dit que sa colère pourrait être entendue par le monde, à l’étranger. C’est alors qu’elle se lance dans l’écriture et l’enregistrement de morceaux de rap au travers desquels son histoire chaotique est racontée. Dans un même élan, elle fait du porte-à-porte pour tenter de vendre ses textes aux habitants.
Sonita Alizadeh est aujourd’hui le symbole de la lutte contre les mariages de force. En élevant sa voix, elle élève celle de millions de très jeunes filles qui subissent ou subiront ce même rite systémique.
Cette même période, en 2010, la jeune femme croise la route d’une réalisatrice iranienne, Rokhsareh Ghaem Magham, qui produira un documentaire sur sa vie, «Sonita». Et lorsque Sonita a tout juste 18 ans, et fraîchement réfugiée avec sa famille à Téhéran, les deux femmes réalisent un clip poignant et dénonciateur «Brides – or daughters – for sale» ou «Mariées – ou filles – à vendre».
La jeune rappeuse y interprète son texte et apparaît en femme mariée de force, battue, et exténuée. Bien qu’il soit interdit pour une femme de chanter publiquement voire de simplement chanter en Iran, très vite des centaines de milliers de visionnages sont comptabilisés. L’histoire de la militante est reprise et mise en lumière par d’autres artistes. Notamment par la dessinatrice et auteure Pénélope Bagieu dans sa série de bandes dessinées, en particulier dans le tome intitulé «Culottées 2 – Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent».
Sonita poursuit son chemin aux USA où elle y a fait ses études grâce à une bourse. Tout en continuant de rapper pour la liberté des jeunes filles et l’émancipation des femmes contraintes au mariage. Pour cela, elle mobilise les réseaux sociaux dans le but d’y sensibiliser le plus de personnes possible. Ni la peur, ni aucune menace ne pourront ralentir la jeune femme dans son combat, elle-même dit :
« Les femmes sont fortes mais elles ont besoin d’être poussées en avant et s’il n’y a personne il y aura toujours moi ! »
Longue vie à ton rap libertaire Sonita !
Pour télécharger ce portrait, cliquer sur l’image :
Merci pour ce beau texte et la diffusion de cette vidéo. Si on pouvait mettre bout à bout tous ces messages, on pourrait faire plusieurs fois le tour du monde. Si seulement tout cela était plus visible, les choses changeraient peut-être plus vite. En tous les cas, bravo pour le courage, la créativité et la détermination de cette jeune femme
Que dire après ce lire
Belle plume au service d une noble cause
Bonne chance à Sonita