Après la mascarade des élections municipales, revenons aux choses sérieuses

Après des élections municipales qui ont tourné à la farce, la manière dont chaque liste a traité la question de la santé, au premier puis au second tour, est révélatrice des enjeux d’aujourd’hui et des responsabilités qui reposent sur les épaules de PAGV

Rapide bilan du second tour des élections municipales

La tenue du premier tour le 15 mars a été une erreur politique grave qui a mis à mal à la fois la santé de certains participants et la démocratie (55,34 % d’abstention en France, 66,35 % à Pontoise).

La tenue du second tour, 15 semaines après le premier, en l’absence de toute campagne (pas de distributions de tracts, pas de réunions publiques, envoi aléatoire des professions de foi…) a été une mascarade avec une abstention record de 70,22 % à Pontoise.

Le résultat de cette farce électorale dans notre ville est que les 2 433 électeurs qui ont voté pour Stéphanie Von Euw (SVE) au second tour ne représentent que 14,55 % des inscrits. La question de sa légitimité ne manquera pas de se poser pendant son mandat.

On peut supposer que la principale opposition (technique à défaut d’être politique) au sein du conseil viendra, s’il siège, de Gérard Seimbille (GS) et de sa connaissance des dossiers. On ne comptera pas sur les 4 élus Pontoise Ecologique et Solidaire (PES) pour représenter un quelconque danger pour la maire. Bien au contraire SVE pourra compter sur eux pour inaugurer le parking de centre-ville quand il verra le jour et pour discuter de la place des caméras de surveillance.

Comme nous l’avons déjà écrit, toute contestation sérieuse de la politique menée par SVE viendra de l’extérieur du conseil et donc de la capacité d’intervention et de mobilisation de Pontoise à Gauche Vraiment (PAGV). Car rappelons-le, PAGV n’est pas qu’une liste présente aux élections, mais une association de terrain qui progresse.

La crise sanitaire du covid 19 a démontré de façon dramatique combien nous avions eu raison de centrer notre campagne sur la santé. Nous avons été, en effet, lors du premier tour, les seuls à faire ce choix à la suite d’une campagne de porte-à-porte qui avait abouti à la signature de 1537 Pontoisiens pour l’ouverture d’un Centre Municipal de Santé (CMS).

Il n’en a pas été ainsi des autres candidats.

Qu’en était-il de la santé au premier tour pour Stéphanie Von Euw, Gérard Seimbille et Sandra N’Guyen Dérosier ?

  • Stéphanie Von Euw

Pas un mot sur la santé dans le tract d’appel à la réunion publique devant présenter la liste et le programme au Dôme le 24 janvier.

Pas un mot sur la santé dans le tract présentant les membres de la liste et les 10 nouveaux engagements de la candidate.

Pas un mot sur la santé dans sa Lettre aux Pontoisiens.

Quant au programme définitif, on y trouve, en page 13, un tout petit paragraphe intitulé Pour notre santé, comprenant 5 mesures :

1) Création d’une maison de santé pluriprofessionnelle dans les locaux de l’ancien collège du Parc aux Charrettes.

Commentaire PAGV : On se demande qui relit les propositions de SVE. En effet, cette localisation d’une maison médicale dans l’ancien collège du Parc aux Charrettes ne se retrouvera pas dans sa profession de foi qui parle de « l’installation des médecins pour la maison médicale des Cordeliers ». Cette confusion sur le lieu montre bien le peu d’intérêt de SVE sur le sujet. Mais quel que soit l’endroit, il s’agit bien du même projet que celui de M. Houillon : la maison médicale qui devait ouvrir le 2 janvier et dont les travaux sont au point mort. Quant aux médecins dont SVE annonce l’installation, on se demande de qui elle parle puisqu’aucun n’a encoré été trouvé, malgré un plus d’un an de recherches.

2)Création d’un conseil des professions médicales afin de bâtir « le projet médical ».

Commentaire PAGV : On n’en saura pas davantage sur ce que serait ce mystérieux conseil des professions médicales. On comprend cependant que SVE n’a pas de projet médical puisque c’est ce conseil qui devrait le bâtir.

3) Mise en place d’une campagne marketing valorisant les atouts de Pontoise auprès des internes des facultés de médecine parisienne.

Commentaire PAGV : Nous ne doutons pas des capacités de SVE en terme de campagne marketing. On se demande juste pourquoi elle n’en a pas fait bénéficier M. Houillon pour trouver des médecins.

4) Plan de mobilisation des médecins retraités qui souhaiteraient exercer quelques heures par semaine au sein de la maison médicale.

Commentaire PAGV : Comme M. Houillon, SVE prie pour trouver des médecins retraités, alors qu’elle n’en trouve pas en activité. Jusqu’ici, ce genre de prière n’a pas été exaucé.

5) Soutien financier et administratif aux médecins maîtres de stage qui accueillent des internes en médecine afin de les former.

Commentaire PAGV : C’est gentil, mais ce serait bien de trouver des médecins avant de penser aux internes qu’ils pourraient former.

  • Gérard Seimbille

Pas un mot sur la santé dans le tract qui annonçait sa candidature.

Pas un mot sur la santé dans le tract qui annonçait des réunions de quartier.

Pas un mot sur la santé dans sa profession de foi.

Dans les extraits de son programme, GS annonçait la création de maisonS médicaleS en accompagnant la venue de médecins par des incitations adaptées (mise à disposition de locaux, logement, crèche..)

Commentaire PAGV : GS, incapable d’ouvrir une maison médicale en tant que 1er adjoint, aurait été capable d’en ouvrir plusieurs en tant que maire. On pouvait en douter.

  • Sandra N’Guyen Dérosier

Sur la question de la santé, SND a su naviguer à vue. Elle savait que la campagne de PAGV pour un Centre Municipal de Santé regroupant des médecins salariés par la municipalité rencontrait un large écho dans la population. Il lui fallait donc jouer serré en donnant l’impression qu’elle soutenait notre revendication sans bien sûr participer à la mobilisation. Pour cela, rien de tel qu’une petite embrouille sur le vocabulaire utilisé. Ainsi, nous avons pu lire 3 appellations différentes dans les publications successives de la liste Pontoise Ecologique et Solidaire :

« Centre polyvalent de santé. »

puis

« Centre pluridisciplinaire de santé avec tiers-payant et sans dépassement d’honoraires. »

et enfin

« Centre de santé acceptant le tiers-payant, sans dépassement d’honoraires qui réunira professionnels de santé, associations de patients et aidants. »

Mais jamais centre MUNICIPAL de santé. Pourquoi ? Tout simplement parce que la candidate socialiste, comme les candidats de droite, refuse de mobiliser des fonds publics pour la santé et fait le choix de la médecine libérale. Comme eux d’ailleurs, elle préfère utiliser nos impôts pour construire un parking de centre-ville (tout en se prétendant écologiste) ou pour installer des caméras de vidéosurveillance (tout en se prétendant progressiste).

Puis la pandémie arriva..

Une crise sanitaire inédite et deux mois de confinement cela peut faire réfléchir. Voyons de plus près ce que cela a donné, 15 semaines plus tard, à la veille du second tour :

  • Stéphanie Von Euw

Alors qu’on ne lit rien sur la santé dans sa profession de foi du second tour, curieusement, dans un tract envoyé à certains sous enveloppe, SVE annonce les 5 premières mesures qu’elle mettrait en œuvre si elle était élue. Et la mesure n° 1 est : « l’ouverture de la Maison de Santé aux Cordeliers ».

Combien de temps prendront les travaux qui n’ont pas encore commencé alors que l’ouverture de ce lieu était annoncée pour janvier 2020 ?

Où sont les médecins libéraux qu’on recherche vainement depuis plus d’un an ?

Nous n’en saurons rien.

Quoi qu’il en soit, son programme n’a pas changé. Il s’agit toujours de faire venir des médecins libéraux introuvables dans des préfabriqués.

  • Gérard Seimbille

GS semble pour sa part avoir plus sérieusement réfléchi et modifié sa vision du problème. Dans sa profession de foi du second tour, il propose, en effet, de recruter des jeunes médecins généralistes et des médecins retraités salariés qui seraient aidés à s’installer dans les locaux de la maison médicale rue Debussy.

Nous sommes encore loin du Centre municipal de santé que nous appelons de nos vœux. Mais c’est un premier pas dans la bonne direction.

  • Sandra N’Guyen Dérosier

Contrairement à GS qui a reconnu avoir évolué dans son approche, SND fait comme si de rien n’était et continue d’autant plus de jouer avec les mots qu’elle souhaite récupérer les voix des électeurs de PAGV du premier tour. Ainsi, le premier point figurant dans sa profession de foi du second tour est : « L’accès à la santé pour toutes et tous grâce à un centre municipal de santé ». Et oui, l’adjectif « municipal » qu’elle refusait jusque là d’employer est sorti du chapeau de la magicienne !

L’absence d’explication sur ce revirement, laisse beaucoup de doutes sur la sincérité de cet engagement. L’avenir nous dira très vite ce qu’il en est.

En attendant, il semblerait que ce tour de passe-passe ne soit pas parvenu à séduire au second tour de nombreux électeurs de PAGV.

Et maintenant ?

À l’heure où de plus en plus de Pontoisiens ne trouvent pas de médecin traitant et au lendemain d’une crise qui a montré tout ce que la présence d’un Centre Municipal de Santé aurait pu apporter à l’Hôpital René Dubos, PAGV continue son travail d’élaboration d’un projet qui sera proposé dès la rentrée. Pour cela, nous avons reçu le soutien irremplaçable d’une médecin urgentiste. Les contacts que nous prenons avec des généralistes depuis des mois nous confortent dans l’idée que la médecine libérale vit une crise sans précédent et que l’avenir est au salariat.

Dès la rentrée de septembre, nous reprendrons notre campagne publique, conscients que seule une puissante mobilisation sera en mesure de faire bouger les lignes et de convaincre la maire, nouvellement élue, que l’ouverture d’un Centre Municipal de Santé est encore plus indispensable aujourd’hui qu’hier.

2 Comments

  1. Chers Amis de PAGV, pour nos chers lecteurs et lectrices,
    dans le dernier paragraphe concernant M. Seimbille, vous ne vous êtes pas relus et écrivez : « Nous sommes encore loin du Centre médical de santé que nous appelons de nos vœux. Mais c’est un premier pas dans la bonne direction. »
    Vous parlez du Centre médical de santé au lieu de Centre municipal de Santé ce qui peut prêter à confusion dès lors que nous avons toujours combattu l’idée du premier voulu par la droite et les socialistes et réclamé la municipalisation.
    Ainsi pour nos lecteurs et lectrices, l’erreur est réparée. Lucky

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