La tribune des conseillers de la majorité dans le Pontoise Mag de février prétend faire un point sur l’offre de soins à Pontoise. À lire rapidement cette tribune, on pourrait se féliciter de vivre dans une ville où, grâce à l’action de la municipalité, la situation est sous contrôle et la santé des Pontoisiens entre de bonnes mains. Malheureusement, il n’en va pas tout à fait de même si l’on creuse un peu.
Alors, creusons.
Ouvert en 2021 à grand renfort d’argent public, le cabinet médical des Cordeliers accueille aujourd’hui 4 médecins généralistes. Mais, la tribune ne dit pas qu’aucun d’entre eux n’accueille de nouveaux patients. C’était pourtant attendu pour les deux derniers arrivés qui sont venus avec toute leur patientèle de Cergy, l’un des Genottes et l’autre des Plants. Elle ne dit pas non plus qu’il est très difficile d’y obtenir un rendez-vous dans des délais raisonnables. Si l’on prend par exemple le docteur Chakib Benyamina, à la date du 12/02/2024, il faut un mois pour obtenir un rdv avant 7h et sept semaines pour en obtenir un après 8h. Il ne faut donc pas être pressé ! En revanche, lui l’est, car ses rendez-vous se succèdent à une cadence infernale, toutes les 10 minutes.
Autre ouverture d’un cabinet, toujours à grand renfort d’argent public, celui du Parc aux Charrettes où 4 médecins, nous dit-on, seraient présents. C’est possible, mais par téléphone ou par internet, on ne peut obtenir de rendez-vous qu’avec les docteurs Emmanuel Gruel et Olivier Fancelli (ou leurs remplaçants). Où sont les deux autres ?
Dernière « réussite » annoncée par la municipalité, l’ouverture d’un pôle médical autour de l’enfance. On voit, en effet, rue Marcel Rousier, les plaques rutilantes d’un psychiatre, de quatre psychologues, de deux psychomotriciens et, victoire, d’une pédiatre, la docteure Marie Goulet. Mais ce que ne dit encore pas la tribune et qu’on découvre pourtant sur sa plaque, c’est que ce médecin exerce en secteur 2, c’est-à-dire qu’elle pratique des dépassements d’honoraires, destinant ainsi ses services à une patientèle aisée.
Après avoir énuméré ces ouvertures, en oubliant comme on l’a vu d’en préciser les détails peu glorieux, la tribune continue en tressant des lauriers à la ville. Ainsi, les élus majoritaires ne craignent pas le ridicule en baptisant « écosystème de santé » leurs tentatives de faire venir des médecins. Il suffit de traverser la France pour constater que des centaines, voire des milliers de communes, petites ou grandes, recherchent également des professionnels de santé sans pour autant se faire passer pour des « précurseurs ».
En attendant, nous constatons que la ville de Pontoise ne connaît qu’une seule formule pour tenter d’attirer des médecins : offrir, sans aucune contrepartie, de l’argent public à des professionnels de santé libéraux, sous forme de services divers pouvant aller de la participation au salaire d’une secrétaire à l’aide à trouver un logement, en passant par l’installation de locaux adaptés avec un loyer particulièrement modéré ou la mise à disposition d’une place de parking. Nous attendons la publication du budget de la ville pour connaître le montant exact de cet ensemble de cadeaux. Nous comparerons cette somme à celle qu’aurait coûtée l’ouverture d’un Centre de santé comme l’ont demandée PAGV puis le Collectif santé agglo. Demande bien entendu refusée par Stéphanie Von Euw au prétexte que cela serait trop coûteux pour les finances de la ville. Il faut dire que nous réclamions de salarier des professionnels de santé et non d’acheter du matériel létal pour la police municipale.