Trois ans au service des Pontoisiens et Pontoisiennes ?

[Bilan de mi-mandat de la majorité municipale]

Le traditionnel bilan de mi-mandat qui figure dans le Pontoise Mag d’octobre 2023 débute par un éditorial de la maire intitulé « Depuis 3 ans au service des Pontoisiens ». S’en suit un bric à brac de mesures, censées être organisées en 6 chapitres :

  1. Une ville sûre et rassurante
  2. Une ville qui permet d’apprendre et de grandir
  3. Une ville dynamique et attractive
  4. Une ville verte, mobile et durable
  5. Une ville où le cadre de vie est préservé
  6. Une ville humaine et solidaire

Avant d’y aller voir de plus près, il faut noter que sur ces 20 pages de bilan, 19 sont réservées à la majorité et une demi page à chaque liste minoritaire. Certes, la démocratie n’est pas une tête de chapitre, mais le déséquilibre n’est pas mince. Une fois de plus, seule la liste Seimbille se plaindra, la liste Pontoise Ecologique et Solidaires (« PES », tête de liste PS), craignant peut-être de mettre en cause les excellentes relations qu’elle entretient avec la majorité, s’en gardera bien.

1) Une ville sûre et rassurante

On pourra reprocher beaucoup de choses à Stéphanie Von Euw, pas de nous avoir caché que la sécurité était sa préoccupation première. Et, c’est un fait, les mesures censées rassurer la population sont nombreuses :

Les effectifs de la police municipale sont passés de 14 en 2022 à 21 en 2023, soit une augmentation de 50 %. Ces policiers sont désormais armés, munis de caméras individuelles, dotés de nouveaux véhicules et même de vélos électriques que l’on voit d’ailleurs rarement sur les pavés de Pontoise. Quant au déploiement des caméras de videosurveillance, on le retrouve dans la colonne « Fait », dans la colonne « En cours » et dans la colonne « À venir ». C’est une obsession.

Visiblement, contrairement à d’autres secteurs, on ne compte pas à Pontoise dans celui de la dite sécurité. Malheureusement, aucun bilan chiffré ne figure dans cet exposé. Quel est le coût de ces décisions ? Quel est leur effet ? On ne le saura pas. Circulez, y’a rien à voir !

2) Une ville qui permet d’apprendre et de grandir

Dans le domaine de l’enfance, la liste des réalisations et des projets est très sélective. Ains si l’on nous annonce l’inauguration d’une nouvelle crèche dans le quartier Bossut, il n’est nulle part précisé qu’il est encore fait appel au privé dont les méthodes de gestion sont largement remises en cause.

En effet, au moins deux livres-enquêtes sortis en septembre s’intéressent aux conditions faites aux enfants dans le secteur des crèches privées. Des conditions qui ne sont pas sans rappeler celles faites aux anciens dans les Ehpad du groupe Orpea. Quatre multinationales se partagent le secteur des crèches en France : People & Baby, Les Petits Chaperons rouges, La Maison bleue et ….. Babilou, présente à Pontoise et toujours défendue bec et ongles en conseil municipal par Madame Fromenteil, malgré des rapports annuels qui ressemblent plus à des catalogues publicitaires qu’à de véritables bilans d’activité. L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) s’étonne régulièrement des niveaux de rentabilité de ces entreprises qui bénéficient pourtant d’importants financements publics. La ville de Pontoise n’est d’ailleurs pas en reste. On se souvient, en effet qu’en décembre 2017, la majorité avait voté un avenant modifiant le contrat avec Babilou pour permettre à cette multinationale de gagner plus d’argent. Selon M. Seimbille, soutenu alors par Madame Von Euw, le contrat signé en 2012 était « exagérément protecteur des intérêts de la Ville ». Il est vrai qu’il plafonnait les bénéfices du délégataire à 7,5 %, montant ridicule pour des actionnaires de grands groupes.

Silences révélateurs : 

  • rien sur la dégradation du périscolaire et sur le catastrophique nouveau portail d’inscription pour les familles. Depuis, une délégation représentant 600 pétitionnaires a été particulièrement mal reçue par l’adjointe au maire Madame Fromenteil et la nouvelle directrice du service enfance ;
  • rien sur le retard considérable pris par les travaux de réhabilitation de l’école Ludovic Piette.

3) Une ville dynamique et attractive

De l’aide à l’implantation de nouveaux commerces (à l’intention des Pontoisiens les plus aisés bien entendu), en passant par des événements essentiels comme la deuxième édition de « la Belle & le Chou », ce chapitre est un joyeux fourre-tout révélateur de l’absence de vision de l’équipe dirigeante. 

Nous retiendrons néanmoins la référence à l’ouverture d’une « maison médicale » aux Cordeliers et à « la mise en place d’une politique d’attractivité à destination des futurs médecins ».

Ouverte à grand renfort d’argent public, la dite maison médicale des Cordeliers n’est rien d’autre qu’un cabinet où exercent des médecins libéraux. Trois généralistes sur quatre ne prennent pas de patients. Il s’agit du Dr Azzedine Ouzaid, du docteur Youssef Mazouz, venu avec toute sa patientèle des Genottes et de la Dr Ilhem Agarbi Mazouz, venue également avec toute sa patientèle des Plants. Reste théoriquement le Dr Chakib Benyamina, qui travaille les lundis et les jeudis de 6h 10 à 15h 50 à raison d’un patient toutes les 10 minutes. En compressant un peu plus ses rendez-vous, il pourra peut-être caser un ou deux nouveaux Pontoisiens.

Quant à la « politique d’attractivité à destination des futurs médecins », il s’agit purement et simplement de donner de l’argent public à des médecins libéraux, sans aucune réelle contrepartie. Et tous ces onéreux cadeaux de bienvenue seront offerts à tous, y compris aux professionnels qui exerceront en secteur 2, c’est-à-dire ceux qui pratiquent des dépassements d’honoraires, choisissant par là-même une patientèle fortunée. 

4) Une ville verte, mobile et durable

À quoi s’applique l’adjectif durable ? De quelle mobilité nous parle-t-on ? Qui peut croire que les mesures cosmétiques énoncées puissent faire de Pontoise une ville verte ?

Que ce soit la mise en place d’arceaux pour attacher les vélos, alors qu’on attend toujours une possibilité de stationnement sécurisé à la gare ou bien celle du double sens cyclable dans les rues en sens unique qui ne laisse souvent aucune place aux vélos coincés entre les voitures qui ne respectent pas les 30 km/h et les véhicules stationnés. Ces deux mesures ne constituent en rien une politique de circulation douce. Bien au contraire l’ouverture du parking Jean-Luc Maire, avec son coût, montre que la voiture est toujours la priorité de la Ville. Aucune mesure ne figurant non plus en faveur des piétons, on peut affirmer que si Pontoise est mobile, elle est auto-mobile.

1053 arbres auraient été plantés. Pour combien d’arbres coupés ?

Pour le reste, la Ville semble faire confiance aux initiatives individuelles.

5) Une ville où le cadre de vie est préservé

Visiblement, les rédacteurs de cette partie n’avaient pas grand chose à dire puisqu’ils ont repris quasiment mot pour mot deux des items de la partie 3. À savoir, l’ouverture d’une « maison médicale » aux Cordeliers et « la mise en place d’une politique d’attractivité de médecins généralistes ». Soit, il n’y pas eu de relecture, soit on avait bien repéré les répétitions, mais il fallait remplir. C’est sûr qu’une annonce comme l’installation de corbeilles supplémentaires dans tous les quartiers ne fait pas vraiment rêver les foules.

En attendant, notre cadre de vie semble surtout relever d’une extrême densification de l’habitat, principalement dans le bas de la ville, avec les conséquences logiques d’artificialisation des sols et d’embouteillages récurrents.

6) Une ville humaine et solidaire

Ici encore le comité de lecture n’a pas dû se réunir puisqu’on retrouve à quelques mots près le même paragraphe sur le renforcement des inspections du travail dans deux colonnes différentes. Il y a d’ailleurs de quoi être surpris de cette référence puisque l’inspection du travail ne dépend en rien de la mairie. Encore du remplissage ?

Pour ce qui est du reste, certaines mesures, comme les « relations avec les bailleurs sociaux » ou « l’accompagnement des demandeurs de logements sociaux » existaient déjà, du moins on l’espère. D’autres restent dans le vague. Il est ainsi fait référence à une analyse des besoins sociaux du territoire qui aurait été confiée à un cabinet privé. À quel prix ? Pour quels résultats ? On ne le saura pas. Quant au permis de louer obligatoire pour les propriétaires, il n’est pas précisé que cela ne concerne que les nouveaux propriétaires et encore dans un périmètre extrêmement limité. Les marchands de sommeil ont encore de beaux jours devant eux.

Une logique libérale

Une suite totalement désordonnée de mesures de tout ordre, passées, en cours, ou à venir ne peut en rien faire office debilan de demi mandat. Mais il y a néanmoins une logique derrière cette gestion.

Stéphanie Von Euw est une ultra-libérale et elle le prouve

En matière de santé publique, Stéphanie Von Euw, après avoir rejeté la proposition de PAGV d’un Centre de Santé à Pontoise, est la seule maire de l’agglomération à ne pas avoir reçu le Collectif Santé Agglo qui se bat pour la création d’un Centre de Santé à l’échelle de Cergy-Pontoise. En revanche, elle n’est pas avare d’argent public pour installer aux frais des contribuables des médecins libéraux aux Cordeliers et bientôt au Parc aux Charrettes.

Lors d’un conseil municipal, Stéphanie Von Euw a même annoncé être en contact avec la société Ramsay, derrière laquelle se trouvent des fonds de pension prêts à fondre sur le secteur de la santé.

En matière de stationnement, Stéphanie Von Euw a confié les manettes à Streeteo (filiale de la multinationale Indigo), dont les dirigeants ont été récemment poursuivis pour escroquerie aux faux contrôles de stationnement. Dans une récente tribune, les conseillers majoritaires se félicitent d’être parvenus à rendre le stationnement payant effectif à Pontoise. Faut-il comprendre que la police municipale ne faisait pas son travail avant la privatisation ? Nous pencherons plutôt pour l’hypothèse selon laquelle on ne leur demandait pas de le faire, de manière à laisser penser que l’appel aux services d’une boite privée comme Streeteo était indispensable. 

Et nous ne revenons pas sur les cadeaux faits à la multinationale Babilou.

Plus anecdotique, mais néanmoins révélateur, Stéphanie Von Euw paie un cabinet privé pour effectuer une analyse des besoins sociaux de sa ville. Être élue au conseil municipal depuis plusieurs mandatures et diriger la ville depuis 3 ans ne lui suffit donc pas pour connaître les besoins sociaux des Pontoisiens ?

Préparer la relève

L’absence d’une réelle opposition au conseil municipal laisse penser que la ville est gérée avec bon sens et que les désaccords ne reposeraient que sur des problèmes de forme. En réalité, une autre gestion est possible et nécessaire et nous devons nous y préparer pour les prochaines échéances à partir d’idées force centrées sur les services publics et la prise en compte systématique de la dimension écologique dans tous nos choix.

Les dépenses inconsidérées au prétexte d’une sécurité jamais démontrée seront mises au service de la prévention et d’une police municipale non armée au contact de la population. Exit les caméras de videosurveillance.

En attendant, au niveau national, la création d’un grand service public de la petite enfance qui aura pour mission de permettre à touts les parents le souhaitant de confier leurs enfants à des personnels formés et bien payés travaillant dans des structures adaptées, la ville de Pontoise reviendra à une gestion municipale de ses crèches. Exit Babilou.

En attendant que le président de l’agglomération prenne ses responsabilités, la ville de Pontoise affrontera le problème n°1 rencontré par ses habitants, à savoir l’absence de médecins, en créant un Centre Municipal de Santé dans lequel les professionnels de santé seront salariés par la ville.

Une priorité effective sera donnée aux circulations douces, vélo et marche à pieds, tout en développant des petits transports collectifs pour celles et ceux qui en ont besoin. Tout doit être fait pour remplacer au maximum la voiture individuelle dans Pontoise. Exit Streeteo

Plus aucune construction, sauf sur des terrains déjà artificialisés, ne sera autorisée. Le permis de louer ne concernera plus un tout petit périmètre de centre-ville, mais sera développé dans un plan de lutte contre le logement indigne et les marchands de sommeil. 

L’isolation des bâtiments publics ainsi que l’aide dans ce domaine aux particuliers deviendront une priorité.

C’est autour de telles perspectives que devront se regrouper les citoyennes et les citoyens désireux de changer fondamentalement la donne et qu’une liste réellement sociale et écologique pourra voir le jour.