Pourquoi deux listes se réclamant de la gauche et de l’écologie ?

Suite à l’annonce de la création d’une liste intitulée Pontoise écologique et solidaire, il est légitime de se demander pourquoi deux listes se réclamant de la gauche et de l’écologie sont en lice à Pontoise.

Nous allons tenter de répondre à cette interrogation.

1) Qui est qui ?

a) Pontoise à gauche vraiment (PAGV)

PAGV se présente à Pontoise depuis deux élections municipales. Cette liste, devenue une association, est née du regroupement de toute la gauche sociale et écologique ayant décidé de rompre avec les compromissions du Parti Socialiste et de ses alliés. PAGV rassemble des citoyens pour la plupart n’appartenant à aucune organisation politique, mais dont certains sont adhérents de partis qui partagent nos valeurs et nos projets, comme le PCF, le NPA, Ensemble et la France Insoumise. En 2008 nous avons obtenu une élue, Delphine Lagrené et en 2014 une élue également, Solveig Hurard.

b) Pontoise écologique et solidaire (PES)

La liste intitulée Pontoise écologique et solidaire, malgré une nouvelle identité, ne vient pas d’arriver sur la scène politique pontoisienne. Elle est l’héritière de la liste intitulée Pontoise Ensemble dirigée en 2008 par Didier Peyrat et de la liste intitulée Pontoise pour tous dirigée en 2014 par Corinne Brami. Ces listes ont toujours rassemblé les adhérents et sympathisants du Parti Socialiste et d’Europe Ecologie les Verts. C’est encore le cas de Pontoise écologique et solidaire, dont la tête de liste sera Sandra Nguyen Dérosier, déjà candidate PS aux dernières élections législatives et tout juste parachutée à Pontoise. Cette liste est d’ailleurs soutenue par le PS, EELV, Place Publique, Génération.s et Gauche Républicaine et Socialiste. Autrement dit des organisations politiques qui ont constitué ce qu’on a appelé « la gauche plurielle » et qui ont mené pendant de longues années au niveau national une politique d’aménagement du capitalisme qui s’est conclue par la faillite du quinquennat de François Hollande et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Rappelons leurs méfaits les plus notables :

• les lois dites « travail » ;
• la réforme des retraites de 2013, dans la continuité des réformes Fillon / Sarkozy (allongement de la durée des cotisations jusqu’à 43 années) ;
• le soutien inconditionnel du PS au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ;
• la répression brutale des mouvements sociaux (Nuit debout, manifestations réprimées, mort à Sivens de Rémi Fraysse…) ;
• la mise à mort programmée de l’hôpital public, de la poste et de nombreux services publics ;
• etc.

Au niveau local, le bilan de la liste Pontoise pour tous, n’est guère plus brillant. En effet, au fil de leur mandature, les élus de cette liste se sont divisés en plusieurs morceaux :

• Bénédicte Ariès a constitué à elle seule un « groupe » intitulé Pour la transition écologique à Pontoise ;
• François Ernst est devenu le représentant de LREM pour le Val d’Oise ;
• Quant aux deux élus restant, Albert Noumowé et Anne-Marie Thouron, ils ne s’entendent plus et écrivent une tribune à tour de rôle dans Pontoise Mag’ ;

2) PAGV et PES, deux conceptions opposées de l’unité

Plusieurs tentatives de rapprochement ont eu lieu entre PAGV et des éléments de ce qui deviendra PES. Nous les avons rencontrés à 3 reprises, mais nous nous sommes heurtés à un refus de nos interlocuteurs de discuter sur le fond du programme que nous pourrions proposer aux Pontoisiens. En effet, alors que nous leur avons fait parvenir deux textes programmatiques, nous n’avons jamais rien reçu en retour. Nous avons compris par la suite que la trame de leur programme était déjà établie et qu’il n’était pas question d’en débattre avec nous. Dans leur esprit, PAGV ne devait être qu’une force d’appoint.

3) PAGV et PES, radicalité ou demi-mesures

Outre le fait que nombre de formules toutes faites pourraient être reprises par n’importe qui, ce que nous connaissons aujourd’hui du programme de PES renforce nos craintes sur de nombreux points. Un exemple parmi d’autres : l’annonce d’ « actions concertées avec les autres équipes municipales partageant les valeurs de la gauche sociale et écologique au sein de la CACP ». En effet qui seraient ces autres équipes municipales ? Celle de Cergy dirigée par M. Jeandon avec des élus Modem ? Celle de Saint-Ouen l’Aumône dirigée par M. Linquette avec des élus En Marche ?

Pour notre part, à PAGV, nous faisons le choix de la clarté politique et nous mettons en adéquation nos votes et nos actes avec nos idées :

• Si nous nous battons pour un Centre Municipal de Santé, ce n’est pas pour voter en conseil les crédits d’aménagement de préfabriqués pour une maison médicale sans médecins.

• Si nous nous battons pour des alternatives à la voiture, ce n’est pas pour voter en conseil les crédits de construction d’un parking sous les jardins de la ville.

• Si nous nous battons pour des politiques de prévention, ce n’est pas pour dire que la vidéosurveillance à Pontoise est « un fait acquis ».

• Si nous critiquons la politique de l’agglomération qui confie systématiquement les services publics locaux à de grandes entreprises privées, ce n’est pas pour proposer des actions concertées à ceux qui la dirigent actuellement.

4) Deux conceptions opposées de la démocratie locale

Les organisations ayant créé PES ont appelé pompeusement « assemblée citoyenne » la réunion de leurs sympathisants et militants qui a choisi le nom de leur liste et désigné celle qui la conduira. C’est un abus de langage.

En effet, une assemblée citoyenne ne se décrète pas. Les véritables assemblées citoyennes qui essaient de se mettre en place aujourd’hui, que ce soit à à Toulouse, à Marseille, à Commercy, sont des entreprises qui ont nécessité des mois et des mois de travail collectif, de concertations difficiles, d’avancées puis de retours en arrière. En général, elle se sont constituées sur la base de mobilisations antérieures autour d’une lutte. Autrement dit, rien à voir avec la primaire que nous ont concoctée à Pontoise des organisations politiques sans militants investis et, pour la plupart, coupées de la réalité locale.

À PAGV, nous avons fait le choix de travailler avec les personnes qui nous ont rejoints. Nous avons mis en place des ateliers de réflexion et d’élaboration sur des thèmes que nous jugeons fondamentaux :

• Le Centre Municipal de Santé.
• La mobilité et les alternatives à la voiture.
• L’alimentation et les liens Pontoise / Vexin.
• Le logement.
• La culture.
• La démocratie locale.
• L’agglomération.
• Les services publics

Nous ne prétendons pas être la voix du peuple. Juste celle d’une association qui travaille depuis 2008 pour changer radicalement les choses et qui propose ses solutions au vote de ses concitoyens.

5) Pour la suite

La Droite ne manque pas de candidats : M. Seimbille et MmeVon Euw s’opposent en attendant peut-être que M. Houillon siffle la fin de la récréation. M. Ernst le représentant du gouvernement Macron a annoncé sa candidature, tout comme M. Bourdou. Le Rassemblement National sera peut-être de la partie.

Face à cette Droite éparpillée façon puzzle, la tentation d’une liste unie dès le premier tour peut se comprendre. Cependant, seuls des choix clairs peuvent permettre aux électeurs, échaudés par les dérives libérales du PS et de ses alliés, de renouer avec la politique et de retrouver l’envie d’aller voter.

Les compromissions ne nous semblent pas de mise. Ce sera le sens de la campagne de PAGV. À l’issue du premier tour, les résultats des uns et des autres ouvriront vraisemblablement de nouvelles perspectives.