Stéphanie Von Euw confond investir dans la santé et faire des cadeaux aux médecins libéraux

[ Retour sur le conseil municipal du 15 décembre 2022 ]

Cette confusion a encore une fois été malheureusement illustrée en deux étapes par la maire de Pontoise, Stéphanie Von Euw, lors du conseil municipal du 15/12/2022.

Première étape

Mme Von Euw, tout en affirmant ne pas aimer le terme, reconnaît enfin, plus de 5 ans après PAGV, que Pontoise est un désert médical. Elle découvre ensuite que l’âge moyen des généralistes en exercice se situe entre 65 et 66 ans et que 50 % d’entre eux partiront à la retraite dans les cinq prochaines années. Assiste-t-on alors à une tardive prise de conscience ? La maire aurait-elle enfin compris, à l’instar d’autres maires de ce pays, qu’une situation particulièrement critique peut exiger l’intervention de la ville ? Il n’en est rien. « Je ne suis pas d’accord avec ce qu’une collectivité publique, commune ou autre, salarie les médecins », précise-t-elle.

Et, comme elle l’a déjà fait pour le cabinet médical des Cordeliers, elle décide que la collectivité locale dont elle est responsable fera une série de cadeaux, sans contreparties, à des professionnels libéraux. Un plan pluriannuel de soutien à l’attractivité médicale est donc proposé au conseil municipal qui s’empressera de le voter.

Il s’agit de mettre en place un accueil et un accompagnement personnalisé pour les professionnels de santé de la ville, de les décharger de temps administratif. Alors que Mme Von Euw prétendait que ce n’était pas le métier d’une commune de salarier des médecins, elle propose de financer des assistantes médicales et d’aider à l’installation ou au maintien des médecins en payant tout ou partie de leurs charges. Des bourses d’études seront même offertes aux étudiants en médecine s’engageant à s’installer à Pontoise une fois leur diplôme obtenu. 

Le pire, c’est que ces aides ne seront pas limitées aux professionnels exerçant en secteur 1. Autrement dit, un généraliste pratiquant des dépassements d’honoraires et ne s’adressant donc, par définition, qu’aux catégories privilégiées de la population profitera également des largesses de la ville.

Édifant, Stéphanie Von Euw ne veut pas investir dans la santé pour tous les Pontoisiens, elle veut juste faire des cadeaux à des médecins libéraux.

Seconde étape

Après avoir critiqué, quand Pontoise en était victime, la guerre que se livrent les différentes communes pour faire venir des médecins, la maire entre dans la danse. Ayant appris que des généralistes d’Auvers sur Oise étaient prêts à quitter leur cabinet, Mme Von Euw a sorti son carnet de chèques (en réalité le nôtre) pour leur offrir un lieu à Pontoise en leur aménageant un local appartenant à la ville situé 8 rue Lemercier en plein centre. L’ouverture de la dite maison médicale des Cordeliers avait représenté un demi million d’euros de subventions publiques. Ce nouveau projet, qui sera du « sur mesure » pour les médecins selon l’expression de la maire, coûterait cette fois-ci le double, soit un million d’euros !

Ces deux décisions sont totalement révélatrices de la stupidité de l’idéologie ultra-libérale défendue par Mme Von Euw et son équipe. Quand une délégation de PAGV, comprenant un médecin, fut reçue le 4/12/2020 par Stéphanie Von Euw, elle essaya de convaincre la maire, arguments à l’appui, de l’intérêt pour la ville et sa population d’investir dans la création d’un Centre Municipal de Santé. Celle-ci répondit que la ville n’avait pas d’argent pour s’engager dans un tel projet. Quelle ironie de constater quelques temps plus tard que l’argent coule à flots pour des cadeaux sans retour faits à des médecins libéraux. Rappelons que lorsqu’une ville, comme Conflans, Franconville, Argenteuil, Fosses… , salarie ses professionnels de santé, le montant des consultations lui revient. 

Et l’expérience montre que ces médecins d’Auvers viendront à Pontoise avec une bonne partie de leur patientèle, ne laissant plus que des restes aux Pontoisiens.

Qui d’ailleurs peut jurer que ces mêmes médecins d’Auvers ne cèderont pas aux chants de sirènes venues d’ailleurs leur proposant des avantages encore plus substantiels ?

Un mot pour finir sur Pontoise Écologique et Solidaire (PES). Comme on parle de « circulation douce », on peut parler avec eux d’opposition douce. Ainsi, si ces élus ont voté contre le plan pluriannuel de soutien à l’attractivité médicale, ils n’ont pas osé le faire sur le projet d’aménagement du 8 rue Lemercier et se sont contentés de s’abstenir. Il faut dire que la maire les avait grondés pour leur premier vote en leur disant : « Je vous laisserai la lourde responsabilité de ne pas voter cette note ».

Tout en retenue dans leurs votes, ils se sont un peu détendus quand ils ont cité en exemple le Collectif Santé Agglo qui milite pour un Centre Intercommunal de Santé, laissant penser qu’ils pourraient faire partie de ce combat.

Rétablissons les faits :

Ce collectif, qui regroupe 7 associations citoyennes de l’agglomération, a été créé à l’initiative de PAGV. Ni PES, ni Pontoise Ensemble, leur porte-voix local, n’ont jamais demandé à le rejoindre. Celui-ci est portant ouvert à tous.