[ Retour sur la rencontre entre PAGV et la maire de Pontoise ]
Le 4 décembre dernier, une délégation de Pontoise A Gauche Vraiment a été reçue, à notre demande, par Madame Von Euw, maire de Pontoise, afin de lui présenter notre projet de centre municipal de santé (CMS), seule solution selon nous pour assurer à l’ensemble des habitants de Pontoise un accès aux soins pérenne et digne de ce nom
Etaient présents :
- Pour la mairie, Stéphanie Von Euw, maire de Pontoise et Laëtitia Dewalle, adjointe au maire en charge de la solidarité, de la santé et des seniors.
- Pour PAGV, Solveig Hurard, conseillère municipale d’opposition de 2014 à 2020, Docteur Nadège Bonneton, Emmanuel Potier et Lionel Zucker.
Nous avons tout d’abord remercié la maire de nous recevoir, sachant que nous nous étions heurtés jusque là à une impossibilité de tout dialogue avec son prédécesseur. Puis nous avons introduit la discussion en ces termes :
« Depuis janvier 2018, date de la fermeture du cabinet de la Place de la Paix aux Louvrais, la situation à Pontoise, en terme de présence de généralistes nécessitait avant tout une prise de conscience que l’ancienne majorité n’a jamais eue, ou alors extrêmement tard.
C’est pourquoi, nous considérons le simple fait de nous recevoir et quelle que soit la suite que connaîtra cette entrevue, comme un progrès considérable.
Quant au projet de maison médicale des Cordeliers – nous en reparlerons sûrement ce soir – nous estimons que la gravité d’une situation où les deux grands quartiers populaires de Pontoise sont sans généralistes, appelle des solutions plus ambitieuses que nous voulons vous présenter ce soir.
Quelques chiffres
Vous trouverez dans le dossier que nous vous remettrons la carte d’Ile de France de l’ARS qui dès 2018 classait Pontoise en rouge, c’est-à-dire en Zone d’Intervention Prioritaire.
Selon le Fichier National des Professionnels de Santé, 48,6 % des omnipraticiens à Pontoise ont plus de 60 ans, contre 31,5 % au niveau national.
En 2018 la densité moyenne nationale était de 153 médecins généralistes pour 100 000 habitants. D’après le recensement que nous avons réalisé, nous ne trouvons que 16 généralistes en activité. Ce qui équivaudrait à 48 médecins pour 100 000 habitants.
D’après le magazine Capital, si en 2018, les Français ont eu accès en moyenne à 3,93 consultations par an et par habitant, le chiffre tombe à 2,07 pour Pontoise.
Mais au-delà des chiffres, nous pouvons témoigner que plusieurs mois de porte-à-porte nous ont mis en contact avec des situations dramatiques. Par exemple de jeunes mères isolées ne trouvant pas de médecin traitant ou de personnes âgées désemparées par le départ en retraite de leur médecin de toujours.
Qu’est-ce qu’un Centre Municipal de Santé ?
C’est un établissement de proximité dont la structure est définie par le code de santé publique.
Un CMS regroupe des médecins généralistes salariés mais peut aussi accueillir d’autres professionnels de santé, salariés également (médecins spécialistes, kinésithérapeutes, chirurgiens dentistes, infirmiers…). Il est géré par des organismes à but non lucratif, comme une collectivité territoriale.
Il permet l’accès aux soins de tous par les mesures pratiquées en termes d’accessibilité sociale (tarifs conventionnés, tiers payant, couverture maladie universelle, aide médicale d’État…). Les usagers sont accompagnés dans leur parcours de soins par une équipe pluridisciplinaire.
Il présente l’intérêt du salariat, de l’exercice regroupé, de la coordination médicale et du travail d’équipe. Le centre de santé prend également le relais sur les dossiers administratifs, de plus en plus lourds pour les médecins.
Si cela vous intéresse, le docteur Bonneton pourra vous éclairer sur le CMS de Montreuil où elle travaille désormais et Emmanuel Potier sur celui de Fosses-Marly qu’il a vu naître. Nous avons également pris contact avec les CMS de Pierrefitte et Conflans.
Nous aimerions juste vous parler rapidement de l’exemple extraordinaire du Centre Départemental de Santé (CDS) de Saône-et-Loire.
Confronté à la même situation de désert médical que bien des maires de France, André Accary, maire-adjoint Les Républicains de Paray-le-Monial et Président du Conseil Départemental, avait essayé en vain de faire venir des médecins libéraux dans sa ville. Nous donnons son appartenance politique juste pour indiquer que pour nous, à partir d’un degré de gravité des problèmes, le clivage gauche / droite peut ne plus avoir de sens. Bref, après avoir vu repartir des médecins roumains avec lesquels il n’avait pu s’entendre, il décide de jouer sa dernière carte. Il téléphone aux maires des 5 plus grandes villes du département et leur dit que s’ils trouvaient et géraient dans leur ville un lieu pour recevoir un centre médical, il tenterait de faire prendre en charge le reste par le Conseil Départemental. Le premier CDS est voté en 2017. En quelques jours, parce qu’il s’agit d’emplois salariés, André Accary reçoit plus de candidatures que de postes. Aujourd’hui, après 3 ans d’activité, le CDS compte 6 centres de santé, 22 antennes médicales, 60 généralistes et lance un appel à des spécialistes. Comme prévu par André Accary, l’équilibre financier a été obtenu en deux ans.
Cet exemple départemental sera suivi par celui de la Dordogne et de la Corrèze.
PAGV et la Ville
Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons qu’un tel projet ne peut se réaliser sans le soutien d’une instance solide, collectivité territoriale, comité d’entreprise, puissante association. Nous savons également qu’il s’agit d’un choix politique fondamental qui aura un impact important, du moins dans un premier temps, sur les finances de la ville, alors que la santé ne fait pas a priori partie de ses compétences. Mais pour nous la situation l’exige et seule la Ville est sérieusement à même de mettre en œuvre une telle entreprise.
Si la Ville faisait ce choix, cela deviendrait son projet et PAGV ne revendiquerait rien d’autre que d’avoir été force de proposition. Autrement dit, le montage du dossier, le choix des professionnels et la gestion des lieux seraient exclusivement de la responsabilité de la mairie. Cela va de soi, mais autant que cela soit dit. »
La maire répond alors n’avoir aucun a priori idéologique, mais ses moyens ne lui permettent pas d’envisager de salarier des médecins, les salaires représentant actuellement 65 % de son budget et elle ne dispose que de 120 000 € sur ce chapitre. À moins qu’elle supprime des postes ou augmente les impôts, ce qui, pour elle, n’est pas envisageable. Elle reconnaît que l’ancienne majorité n’avait pas pris la mesure de la situation de crise et exprime son accord avec notre diagnostic. Elle se doit cependant d’être pragmatique et la seule solution pour elle est de mener à son terme le projet de maison médicale aux Cordeliers.
C’est pourquoi elle a relancé les travaux. Lors de notre entretien elle déclare être sur le point de signer un contrat avec 3 généralistes pour la maison médicale de jour et avoir rendez-vous le lundi décembre avec les médecins, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et l’Union des Représentants des Professionnels de Santé (URPS) pour discuter contrats. Pour ce qui est de ce qu’elle appelle la maison médicale de garde (20h – minuit + week ends), ce ne seraient pas des urgentistes qui se seraient portés candidats, comme elle et la presse l’avaient indiqué par erreur, mais des médecins généralistes qui font des astreintes de régulation au centre 15 SAMU de Pontoise, rémunérés en partie par la CPAM puis à l’acte. Deux d’entre eux montent le projet, mais ils ont derrière eux un pool d’environ 50 médecins qui se répartiraient les gardes. Il y aurait encore un contact en cours avec deux généralistes qui pourraient être intéressés par la maison de jour ainsi qu’avec une pédiatre.
La maire rappelle l’aide que la Ville apportera à la maison médicale : un poste de secrétariat, la prise en charge de l’entretien, un loyer 50 % au-dessous des tarifs fixés en la matière.
La discussion s’engage ensuite dans un climat d’écoute mutuelle. Une discussion au cours de laquelle Emmanuel Potier apportera ses compétences de gestionnaire territorial et Nadège Bonneton celles de médecin urgentiste et de praticienne au CMS de Montreuil.
Nous comprenons la difficulté rencontrées aujourd’hui par les villes du fait du désengagement de l‘Etat, mais il ne faut pas oublier que l’activité d’un CMS génère des recettes grâce aux consultations et reçoit des subventions de fonctionnement au même titre qu’une maison médicale. Certaines subventions sont d’ailleurs reçues pour certains projets de prévention que seuls des CMS peuvent réaliser. Nous ajoutons qu’un CMS peut fonctionner à l’équilibre avec une contribution relativement faible de la collectivité, cela variant aussi en fonction de la taille de l’établissement. Nous donnons à ce propos l’exemple du CMS de Pierrefitte et du centre départemental de Saône et Loire.
Nous alertons la maire sur le fait que tout développement de la maison médicale, comme elle semble le prévoir, ne pourrait pas s’envisager avec une seule secrétaire. Un tel poste, en effet, ne concerne pas que l’accueil physique et la tenue du standard téléphonique, mais également le suivi administratif des actes réalisés par les médecins, une activité particulièrement chronophage.
La maire insiste à plusieurs reprises sur la différence qui doit être faite entre investissements et dépenses de fonctionnement. Certes. Mais des investissements tels le parking de centre-ville, les tennis au bord de l’Oise, le système de vidéosurveillance, la maison médicale, pèsent et vont peser sur les finances de la Ville en termes d’emprunts à rembourser qui se payent sur la part d’auto-financement que la ville dégage de son budget de fonctionnement. Ce sont en tout cas des choix politiques qui ne nous semblent pas plus importants, loin de là, que le serait celui d’un CMS. Quant aux frais de fonctionnement, il n’y a qu’à se rappeler le programme électoral de Madame Von Euw en matière de sécurité pour constater qu’il y a des domaines où on ne compte pas.
Quant à l’aspect purement médical, nous insistons particulièrement sur les différences de fond qui existent entre un CMS et une maison médicale, que ce soit en termes de travail en équipe ou d’importance donnée à la prévention. Sans parler de l’intérêt du patient de trouver sur place généralistes, infirmières, kinés et autres spécialistes, ainsi que d’être certain d’être facturé en secteur 1 conventionné, quel que soit le praticien. Nous opposons également la pérennité d’une structure comme un CMS, due à la facilité de trouver aujourd’hui des médecins salariés, à la fragilité d’une maison médicale, toujours à la merci de voir partir un praticien sans pouvoir le remplacer aisément.
Dans un contexte général de santé publique déjà très difficile, renforcé par la crise sanitaire, une structure comme un CMS, résolument tournée vers la prévention est une solution moderne et efficace en totale adéquation avec les besoins des territoires à l’opposé d’un modèle libéral à bout de souffle.
La réunion se termine après plus d’une heure de discussion sur un constat partagé. La concurrence que se livrent entre elles les communes de l’agglomération pour attirer des généralistes serait ridicule si elle n’était pas tragique. La maire en a déjà discuté avec le président de l’agglomération qui serait favorable à plus de concertation. Il nous semble qu’une bataille pour un centre de santé de l’agglomération avec des antennes dans les communes qui en ont le plus besoin, dont Pontoise, serait extrêmement pertinente. Rien ne nous interdira alors de demander le soutien de la vice-présidente de l’agglo qu’est Madame Von Euw.
Nous quittons la réunion en lui remettant un dossier complet et en précisant que nous serons vigilants sur l’évolution du projet de maison médicale aux Cordeliers et que nous continuerons à mener bataille pour un centre de santé qu’il soit municipal ou envisagé au niveau de l’agglomération. « Je n’en doute pas » répondra la maire. Elle ne se trompe pas.
Quelques remarques en guise de conclusion
Cette discussion entre une maire et un groupe d’opposition qui n’est plus représenté au conseil municipal s’est déroulée dans un total respect mutuel. Cela ne se serait jamais passé avec avec son prédécesseur. Quelle que soit nos divergences politiques sur le fond, cela doit être mis au crédit de Madame Von Euw et nous n’avons aucun problème à le reconnaître, tout en sachant combien la communication joue un rôle prééminent dans cette mandature.
À la suite de cette rencontre, nous nous étonnons du niveau de la presse locale et de l’inexistence d’une opposition au sein du conseil municipal. Dans un article du 22/11/2020 de la Gazette, Joseph Canu recopie sans la vérifier la déclaration de SVE lors du conseil municipal du 19/11 et reprise dans le Facebook live du lendemain, selon laquelle ce seraient des urgentistes de l’hôpital de Pontoise qui auraient répondu à l’appel de la mairie.
Cette arrivée miraculeuse de médecins urgentistes de Pontoise, qui paraît pourtant totalement impossible quand on connaît la situation des Urgences, n’a pas non plus étonné les élu.e.s d’opposition du groupe « Pontoise Ecologique et Solidaire » qui en avait pourtant été informé avant le conseil en commission. Les 4 élu.e.s de ce groupe, avant de joindre leurs voix à celles de la majorité, se sont contenté.e.s de demander si les médecins retenus interviendront bien en secteur 1. Nous sommes donc les seuls à PAGV à avoir contacté le service des Urgences de l’hôpital de Pontoise pour savoir ce qu’il en était. Inutile de préciser qu’ils tombaient des nues.
La situation déjà très difficile à l’hôpital de Pontoise ne risque pas de s’améliorer. Une très lourde menace pèse en effet sur l’hôpital de Magny-en-Vexin. Le personnel a été récemment informé de la décision de fermer les urgences de l’hôpital et son service de médecine. L’hôpital de Magny deviendrait donc un simple centre de consultations si, pendant les deux mois de sursis qui lui sont accordés, le personnel ne parvenait pas à convaincre les autorités de santé de faire marche arrière.
Cette information nous incite plus que jamais à continuer le combat pour un Centre de Santé, communal ou intercommunal.
Bonjour, avant de publier mon article (sa version en ligne), j’ai bien contacté la direction de l’hôpital de Pontoise qui m’a indiqué qu’elle n’était pas au courant du projet. J’ai, certes, repris une information consignée au conseil municipal, tout comme les autres journaux qui ont traité le sujet (https://www.lechoduthelle.fr/2020/11/25/val-doise-une-maison-medicale-de-garde-va-ouvrir-a-pontoise/) Par ailleurs, considérant votre autre publication du 3 janvier (http://pontoise.agauchevraiment.org/?p=1420&fbclid=IwAR1igNj8eUiVP4ngjpukniIIgXoj4a-V2MusPQH993Xv58vQgSHE_PWdXEw) qui me met également au cause nominalement, j’envisage de porter plainte pour diffamation contre son auteur, à titre personnel. Bien à vous.
Nous prenons acte de votre commentaire que nous publions ici en guise de droit de réponse.
En revanche nous souhaiterions que vous précisiez les passages ou informations que vous jugez diffamatoires dans les 2 articles incriminés.
PAGV n’a rien de personnel contre aucun journaliste de La Gazette. Nous savons que le métier de journaliste local peut être difficile et que le respect d’un juste équilibre entre les faits et la communication des élus l’est tout particulièrement.
Mais, notamment dans le cas de la maison médicale, nos critiques nous semblent justifiées. En effet, à plusieurs reprises, La Gazette a eu tendance à prendre pour argent comptant les déclarations de la mairie.
Si nous comprenons que la tonalité critique et un peu ironique puisse parfois déplaire, elle n’en est pas moins conforme à l’exercice normal de notre liberté d’expression.
Cela dit nous restons ouverts à tout échange sur ces questions.