Statue du Général LECLERC : réponse à un Pontoisien

Suite à notre action du 18 septembre en marge des journée du patrimoine et à nos publications sur le sujet, un Pontoisien que nous ne nommerons pas sans son autorisation, a souhaité nous faire part de son désaccord avec nos positions.
Nous reproduisons ci-dessous ses propos et la réponse que nous lui avons adressée, celle-ci répondant à la plupart des critiques de nos détracteurs :

De : XXX XXXXXX
Date : jeu. 7 oct. 2021 à 11:21
Objet : Dégradation de la statue du Général LECLERC
À : <pontoiseagauchevraiment@gmail.com>

Mesdames, Messieurs du mouvement « Pontoise à Gauche Vraiment »

Le Général LECLERC n’est pas comme on dit « Blanc-Blanc », les actes que vous lui reprochez s’étalent sur une courte durée du 06 février 1802 et au mieux jusqu’en novembre 1802 soit à peine neuf mois
Les actes de votre ami Joseph Vissarionovitch Djougachvili de 1924 à 1953 ont menés à la mort plusieurs centaines de milliers de gens dans les goulags, les kolkhozes, voir même sur des chantiers pharaoniques.
Ayez l’intelligence de  comparer les chiffres et les dates. les faits d’il y a 68 ans doivent vous faire réfléchir plus que  ceux d’ll y a 219 ans.
Mieux encore, mettez votre esprit critique à la réalisation d’une société où les individus sont complémentaires et non opposés.
Ou alors cherchez à comprendre pourquoi et comment l’Homo Sapiens » a suplanté l’homme de Néandertal.
J’ai vécu plus de trente ans aux pieds du Général LECLERC, il y avait autour de lui plus d’amoureux que de réveurs Politiques.

Avec mes salutations.

***

Ces propos ne pouvaient pas rester sans réponse de notre part :

Monsieur,

Quelles que soient nos divergences, nous tenons tout d’abord à vous remercier de votre message, même si nous l’aurions souhaité plus étayé et moins polémique.

Nous pensons en effet que la présence de cette statue à Pontoise doit faire l’objet d’un vrai débat public. Nous ne vous cacherons d’ailleurs pas que plusieurs positions au sujet du devenir de la statue co-existent au sein de notre association.

Cela dit, pour la clarté du débat, permettez-nous de préciser plusieurs points mis en avant dans votre courrier.

Vous avez tort d’intituler votre message « Dégradation de la statue du général Leclerc » pour la bonne raison que non seulement notre action n’a donné lieu à aucune dégradation mais que nous n’en avions strictement aucune intention. On pourrait même dire que, loin de la dégrader, comme cela aurait pu être le cas par des graffitis, nous avons momentanément décoré cette statue avec des œuvres d’un peintre membre de notre association. Comme toute œuvre d’art, ces tableaux peuvent plaire ou non, mais c’est un fait qu’ils n’avaient pas pour vocation d’abimer, mais d’éclairer, de manière provisoire, le symbole que représente cette statue à nos yeux.

La comparaison avec Staline, au-delà de son aspect purement polémique, pourrait avoir un sens si une statue du prétendu « petit père des peuples » trônait à Pontoise et si nous nous en revendiquions. Sauf à penser que se réclamer de la vraie gauche c’est être stalinien, nous aimerions savoir où vous avez pu trouver quoi que ce soit ressemblant à du stalinisme dans les positions de principe sociales, écologiques, démocratiques défendues par PAGV. Vous ne pouvez d’ailleurs ignorer que les premières victimes du stalinisme ont été ses opposants de gauche. Nous ne pouvons donc que considérer comme une insulte la qualité d’amis de Staline que vous nous accolez.

Vous avez en revanche raison quand vous limitez dans le temps les méfaits de ce général Leclerc. Ceux-ci auraient sûrement continué bien longtemps s’il n’avait pas été terrassé par la fièvre jaune, mais comment ne pas comprendre qu’au-delà de sa personne, c’est au symbole de l’esclavagisme qu’il représente que nous nous attaquons ? Contrairement à vous, nous ne nous lancerons pas dans un concours des monstruosités de l’Histoire. Mais puisque vous nous demandez de comparer des chiffres et des dates, vous reconnaîtrez peut-être que le nombre des victimes de l’esclavage – pas seulement français ni européen – dépasse largement aux travers des siècles celui du stalinisme.

Pour ce qui est de la réalisation d’une société où les individus sont complémentaires et non opposés, nous ne pouvons qu’y souscrire. Mais ne pouvez-vous pas admettre que rétablir l’esclavage à Haïti allait totalement dans le sens de l’opposition entre les hommes et non dans celui de leur complémentarité ?

Enfin, si nous ne doutons pas que les amoureux ne regardent pas où ils s’embrassent, nous ne doutons pas non plus qu’ils s’embrasseraient tout aussi tendrement au bas d’un symbole autrement plus fraternel que celui du général Leclerc.